Par un manifeste signé dans “Le Monde” de ce vendredi 18 mars, 130 médecins et scientifiques de la procréation appellent ni plus ni moins François Hollande à tenir sa promesse d’ouverture de la PMA aux femmes célibataires et homosexuelles.
“Nous, médecins, biologistes, reconnaissons avoir aidé, accompagné certains couples ou femmes célibataires dans leur projet d’enfant dont la réalisation n’est pas possible en France.” Plus de 130 médecins et biologistes de la reproduction signent dans Le Monde daté de ce vendredi 18 mars un “outing” collectif : oui, ils se sont mis en infraction avec l’actuelle loi française sur la procréation médicalement assistée (PMA) pour aider des femmes qui n’en avaient théoriquement pas le droit, notamment des couples de lesbiennes, à fonder une famille. Un geste qui n’est pas sans rappeler le “manifeste des 343 salopes” qui avait appelé en 1971 à légaliser l’avortement et qui avait été suivi, deux ans plus tard du manifeste “Oui, nous avortons !” signé par 331 médecins revendiquant avoir pratiqué des IVG malgré l’interdiction légale.
Derrière René Frydman, père scientifique du premier bébé-éprouvette, ces scientifiques s’engagent pour réclamer un “plan contre l’infertilité” levant les “incohérences” sur quatre blocages “que nous rencontrons fréquemment en médecine de la reproduction” :
“Le système en vigueur dans notre pays ne permet pas de répondre à la demande (pas assez de donneuses) et de très nombreux couples se tournent alors vers l’étranger (…). Nous souhaitons développer le don d’ovocytes en France dans un cadre de non-commercialisation des éléments du corps humain.”
“La position de notre pays est incohérente puisque l’analyse du risque chromosomique fœtal est autorisée aux femmes enceintes qui le souhaitent après quelques semaines de grossesse, dans le cadre du dépistage anténatal, alors que ce même examen reste interdit par prélèvement d’une cellule de l’embryon avant qu’il soit transféré dans l’utérus.”
“Une autoconservation ovocytaire préventive alors que la fertilité est encore satisfaisante, mais sans projet de grossesse immédiat, est interdite (alors qu’elle est possible en Espagne, Belgique, Grande-Bretagne, etc.).”
“Le don de sperme pour une femme célibataire (sans préjugé de son mode relationnel actuel ou futur, homo ou hétérosexuel) est une autre interdiction qui nous paraît devoir être levée, puisqu’une femme célibataire est reconnue dans ses droits pour élever ou adopter un enfant”.
En clair, dans le dernier point, les scientifiques appellent à autoriser la PMA aux femmes célibataires ou aux couples de lesbiennes, c’est-à-dire tout simplement à tenir une promesse de campagne de François Hollande. Des propositions qui constitueraient, souligne René Frydman pour Le Monde, une nouvelle ”étape décisive” de la liberté des femmes à disposer de leur corps. Car, comme l’expliquait le scientifique dans les colonnes de Marianne fin février : “La seule question vraiment pertinente se formule ainsi : pour qui ces novations techniques peuvent-elles être délétères ?”
Dans un communiqué, le collectif de défense des droits des lesbiennes “Oui oui oui” “se réjouit de la tribune” et “remercie les médecins de reconnaître qu’ils ont aidé des femmes, en couple lesbien ou célibataires, à recourir à la PMA, en contravention de la loi”. “Les lesbiennes demandent aussi un plan contre la lâcheté du gouvernement”, embraye “Oui oui oui”, qui souligne : “Désormais, les choses sont claires, et la balle est dans le camp de Hollande et Valls”. Et de Laurence Rossignol, qui pourrait trouver dans cette cause un bon moyen de justifier que son ministère rassemble “enfance, famille” et “droits des femmes”.
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