Lula ministre : sa nomination provisoirement suspendue au Brésil

Coup de théâtre au Brésil. Soupçonné d’entrer au gouvernement afin d’échapper à la justice, l’ancien président Lula da Silva a vu sa nomination provisoirement suspendue par un juge fédéral quelques heures à peine après la passation de pouvoir. La présidente Dilma Rousseff, qui aurait couvert cette promotion, est également mise en cause.

Coup de théâtre. La nomination de l’ancien président Lula da Silva au poste de super ministre de l’Intérieur a été provisoirement suspendue par un juge fédéral de Brasilia ce jeudi 17 mars, soit quelques heures après sa prise de fonction. 

L’ex-chef d’Etat brésilien, poursuivi dans l’affaire de corruption Petrobras, est soupçonné par la justice d’avoir non seulement perçu des pots de vin du pétrolier d’Etat à travers des avantages en nature, en l’occurrence via son activité de conférencier ou encore la jouissance de propriétés non déclarées, mais d’avoir également tenté d’échapper à la justice en acceptant ce poste de ministre des mains de l’actuelle présidente Dilma Rousseff, qu’il a lui même porté au pouvoir. Une fois ministre, Lula bénéficie en effet d’un statut privilégié et ne peut plus pénalement répondre de ses actes que devant le Tribunal supérieur fédéral.

« Ne te sers (de ce poste de ministre ndlr) qu’en cas de nécessité », aurait déclaré Dilma Rousseff par téléphone à Lula, selon une conversation rendue publique par le désormais célèbre juge Sergio Moro en charge de l’affaire Petrobras. 

Une « intervention directe » de l’Exécutif sur le pouvoir judiciaire qui a précisément motivé la suspension de Lula par le juge fédéral de Brasilia, qui invite par ailleurs, le président de la Chambre des députés et le président du Sénat, à prendre leurs dispositions. Comprendre : si la responsabilité de Dilma Rousseff était confirmée, cela permettrait, selon la Constitution du pays, de destituer la présidente de son mandat. Une revendication régulièrement scandée par les millions de brésiliens qui manifestent depuis plusieurs mois dans la rue.

Attaquée, la présidence a d’ores et déjà annoncé qu’elle allait déposer un recours auprès de la Cour suprême. Il convient de fait de s’interroger sur la légalité de la mise sur écoute de Dilma Rousseff et de son mentor d’autant que les propos rendus publics ne coïncideraient pas avec les propos que la présidente affirme avoir tenus. 

Ironie de l’histoire, le président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha, appelé à statuer, est lui-aussi mis en examen dans l’affaire Petrobras, en raison du compte en banque que l’intéressé aurait ouvert en Suisse afin de stocker discrètement les millions de reais de commissions qu’il aurait lui-même illégalement reçus. Bien que menacé par la justice, il a dès à présent autorisé une procédure de destitution de la présidente en raison d’irrégularités constatées dans les comptes publics.

Une nouvelle bataille judiciaire s’ouvre par conséquent, sur fond de corruption systémique de la classe politique brésilienne et dans un contexte économique marqué par une forte récession.

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply