Le bon professeur qui relativise l'impact de la pollution sur la santé travaille aussi… pour Total

Le professeur Michel Aubier, chef du service de pneumologie de l’hôpital Bichat, est un homme « distrait ». Alors qu’il nuance publiquement l’impact sur la santé de la pollution de l’air, il travaille discrètement, selon le Canard Enchaîné, en tant que « médecin-conseil » du groupe Total depuis vingt ans !

Il avait oublié de le préciser. Lorsque le professeur Michel Aubier, chef du service de pneumologie de l’hôpital Bichat, est auditionné en avril 2015 par la Commission d’enquête du Sénat sur la pollution de l’air, il choisit, selon le Canard Enchaîné, de répondre franchement que, non, il n’a « aucun lien d’intérêts avec les acteurs économiques » du secteur. L’intéressé, à l’époque, prête serment, mais concède désormais avoir été quelque peu « distrait » voire très « naïf ».

C’est que le docteur Aubier, qui s’épanche épisodiquement dans les médias pour minimiser l’impact de la « pollution ambiante » liée (entre autres) aux voitures diesel et à l’augmentation du taux de particules fines dans l’air, est aussi le médecin-conseil du… groupe Total, depuis vingt ans ! Et depuis 2009, il siège aussi au conseil d’administration de la Fondation Total, selon le Canard.

Un conflit d’intérêts qui ne semble pas vraiment gêner le médecin. « C’est tellement éloigné de ma spécialité que je n’y ai pas pensé », se défend-il avant de préciser au Palmipède avoir également travaillé « pour un groupe d’étude sur le diesel avec PSA« , le constructeur Peugeot-Citroën. De mieux en mieux.

De quoi faire étrangement raisonner les propos qu’il tenait, dès mars 2014 dans la presse, notamment sur RTL. Interrogé sur les pics de pollution, le professeur Michel Aubier n’y voyait de fait « aucun danger pour les sujets bien portants ». Ces derniers pouvant même disait-il « courir un marathon en période polluée. » L’Organisation mondiale de la Santé se montre toutefois un peu plus prudente. Elle évoque quant à elle un « risque environnemental majeur ».

« 3,7 millions de décès prématurés » ont en effet été provoqués d’après l’institution  » par la pollution ambiante (de l’air extérieur) », en 2012, « dans les zones urbaines et rurales » dont « 80% (…) résultant de cardiopathies ischémiques et d’accidents vasculaires cérébraux, 14% de bronchopneumopathies chroniques obstructives ou d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures, tandis que les 6% restants sont imputables au cancer du poumon. »

De quoi voir d’un autre oeil les « bonnes nouvelles » véhiculées par le bon professeur Aubier.

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