« Vous savez toutes ces choses de droite qui n’apportent rien à la lutte contre le terrorisme… » Voici comment François Hollande parlait de déchéance de nationalité quatre mois avant de décider de l’imposer aux Français lors du Congrès de Versailles.
Il n’y croit pas. Pis, il la considère comme la plus inutile des solutions. Et pourtant, il souhaite la mettre en place. Telle est l’histoire de François Hollande avec la déchéance de nationalité.
On savait déjà que, lorsqu’il était dans l’opposition, le désormais président de la République était opposé à cette mesure. En 2010, il parlait ainsi d’une idée « attentatoire à ce qu’est finalement la tradition républicaine et en aucune façon protecteur pour les citoyens« . On apprend désormais que, quatre mois avant le discours de Versailles, et après les attentats de janvier, il en pensait tout autant. Dans un ouvrage* à paraître le 24 mars et dont Le Monde publie les bonnes feuilles ce mercredi 16 mars, les journalistes Bastien Bonnefous et Charlotte Chaffanjon rapportent ainsi des propos tenus par le Président le 16 juillet 2015, dans son propre bureau. Il y évoque notamment la lutte contre le terrorisme et le risque d’être dans une « surenchère avec la droite » :
« Si on est, sur ces sujets-là, dans une surenchère avec la droite, c’est comme dire : ‘Bon finalement, l’extrême droite et la droite ont raison.’ Il faut que l’on montre que la lutte contre le terrorisme n’est pas un sujet de division, surtout lorsque la droite cherche à nous emmener sur un terrain qui n’est pas le nôtre .«
Puis, écrivent les journalistes, il se met à lister, « avec une pointe de mépris dans la voix« , les idées « qu’il refuse de faire siennes » :
« La déchéance de nationalité, ou l’indignité nationale, vous savez toutes ces choses de droite qui sont de l’ordre du symbolique et qui n’apportent rien à la lutte contre le terrorisme. »
« Toutes ces choses de droite qui n’apportent rien à la lutte contre le terrorisme« … et que François Hollande s’est donc empressé d’annoncer le 16 novembre de la même année devant les parlementaires, réunis en congrès à Versailles. Ce jour-là, le chef de l’Etat sort de son chapeau l’extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés Français et convaincus de terrorisme. Après des mois d’affrontements au sein de son propre camp, la mention de « binationaux » disparaîtra à l’Assemblée nationale et la déchéance de nationalité sera étendue aux délits au lieu des seuls crimes.
Une mesure qui « n’apporte rien à la lutte contre le terrorisme » et que François Hollande va peut-être être contraint d’abandonner. Le Sénat refuse en effet de voter le texte dans les mêmes termes que l’Assemblée, or cet accord est absolument nécessaire pour que la révision constitutionnelle soit présentée au Congrès réuni à Versailles. Mais après tout, puisque Hollande s’en fiche…
*Le Pari, de Bastien Bonnefous et Charlotte Chaffanjon, Plon 216 pages, 14,99 euros
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments