Les riverains du 16e arrondissement rejettent violemment le futur centre d'hébergement

RECIT – Huées, insultes, sifflements… Hier soir, des habitants du 16ème arrondissement de Paris se sont déchaînés contre les futurs logements pour sans-abris qui doivent être construits en lisière du bois de Boulogne. Au point d’empêcher la tenue d’une réunion publique sur le sujet à l’université de Paris-Dauphine.

Lundi soir, l’université Paris Dauphine a été assiégée par une foule en colère, tonnant des « Hidalgo démission ! », « Assez d’assistanat ! » ou même « Touche pas à mon arbre ! ». En cause, la réunion publique de présentation du futur centre d’hébergement en lisière du bois de Boulogne, dans le très chic 16ème arrondissement de Paris. Porté par Anne Hidalgo avec l’aval de Ségolène Royal, quatre à cinq bâtiments modulaires s’étendront dès cet été sur 200 mètres, et permettront d’accueillir provisoirement 200 personnes, individus « isolés » ou « familles qui rencontrent des difficultés sociales importantes« .

Un centre immédiatement considéré par les opposants au projet comme un futur lieu d’accueil pour migrants. Une idée entretenue par Claude Goasguen, maire LR du 16ème arrondissement, et premier opposant au projet, qui parle d’un « nouveau Sangatte« , du nom de cette ville balnéaire près de Calais où la Croix-Rouge avait rassemblé un nombre important de migrants dans un camp, fermé en 2002. Un détournement, aux yeux de Ian Brossat, adjoint communiste au maire de Paris chargé du logement et de l’hébergement, pour qui « un certain nombre de personnes ont transformé le logement pour sans abris en logement pour migrants pour sufer sur l’actualité.« 

Des riverains déchaînés

Résultat, des riverains absolument déchaînés aux abords et à l’intérieur de Paris Dauphine. « Notre très cher président n’a qu’à les accueillir à l’Elysée ! », lance une septuagénaire au carré court impeccable. Comme elle, ils sont des centaines à ne pas avoir pu accéder à cette réunion, tant la foule est dense. Une foule si compacte qu’il est difficile de faire un pas ; une dame à quelques mètres de la porte s’évanouit. Les quelques agents de sécurité, débordés, parlent d’appeler du renfort.

A peine commencée, la réunion tourne au tohu-bohu. Les insultes fusent, visant particulièrement Sophie Brocas, sous-préfète de Paris venue expliquer le projet. Un « salope ! » crié plus fort que les autres l’interrompt alors qu’elle tente de calmer la cohue. Même traitement pour l’architecte de l’hébergement, Guillaume Hannoun, traité de « menteur » et de « fils de pute« . Tout simplement. Hué, sifflé et insulté à son tour, le président de l’université Paris-Dauphine, Laurent Batsch, décide alors, la voix tremblante, de mettre fin à la réunion: « Vous en êtes à insulter votre hôte (…) Dans ces conditions, cette réunion s’arrête à l’instant présent. Je vous demande d’évacuer ».

Un homme, en costume trois pièces Prince de Galle, une pancarte « Touche pas à mon arbre » à la main, tente de nous convaincre qu’il n’a « rien contre les sans-abris ni contre la mixité sociale, ni contre les migrants » mais que ce qui le chiffonne, c’est qu’on « défigure la forêt pour y mettre des habitations« . Un écolo, en fait ! Sauf que l’environnement ne sera pas touché, rétorque auprès de Marianne Ian Brossat. « On ne réduit pas les espaces verts. C’est en lisière du bois, ce qui explique que Ségolène Royal, ministre de l’écologie, a donné son accord. » Et le jeune conseiller de rappeler que « le 16ème arrondissement est le seul arrondissement dans lequel on a aucun centre d’hébergement » .

« Rien ne s’opposera à sa construction »

De son côté, Claude Goasguen explique à Marianne qu’il en a « assez qu’on pointe du doigt le 16ème dans son absence de solidarité« . Selon lui, les habitants n’ont pas été assez prévenus de l’avancée du projet. « Le 16ème n’a jamais été hostile aux centres d’hébergement », ajoute-t-il, avant de préciser qu’il a proposé d’autres lieux « qui n’ont pas été examinés ». Parmi ses idées grandioses, le Musée national des arts et traditions populaires. Inhabitable car totalement amianté, répond Ian Brossat. 

« Plus rien ne s’opposera à la construction de ce centre d’hébergement pour sans-abris, le permis de construire ayant été accordé par l’Etat », assure finalement Ian Brossat, avec l’été pour calendrier. Sur les 200 personnes accueillies, la moitié doivent être des familles. « Il y aura un accompagnement social de 26 salariés de l’association Aurore, avec une présence physique 24h/24 », précise-t-il pour rassurer des riverains sourds à ses explications.

Laurent Batsch, quant à lui, nous assure qu’il ne permettra plus ce type de réunion dans son université : « C’est la première et dernière fois, bien que ça ne sera pas la seule suite.« 

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