Contestée dans la rue, la présidente brésilienne, Dilma Rousseff, empêtrée dans une vaste affaire de corruption, voit ses soutiens s’effilocher. Elle n’est pas la seule…
Ils ont défilé par centaines de milliers ce dimanche 13 mars à Sao Paulo, Rio ou Brasilia. Leur cible ? La présidente Dilma Rousseff, empêtrée dans une vaste affaire de corruption. Les caméras ne retiendront que la foule compacte (3,6 millions de personnes au total selon la presse), qui a noirci pendant des heures – aux cris de « Dilma destitution » – les immenses avenues du pays. Tout le Brésil n’est pourtant pas sorti dans la rue.
A Sao Paulo par exemple, selon le quotidien de référence de la ville, les manifestants appartiennent en grande majorité aux classes les plus aisées, les plus éduquées dont les revenus dépassent notamment de cinq à vingt fois le salaire minimum. Le détail a son importance. Dilma Rousseff, très fragilisée, n’a peut-être pas encore perdu la rue, celle qui l’a largement réélue en 2014, celle qui a porté son parti, le Parti des Travailleurs (PT), de gauche, au pouvoir, depuis plus d’une décennie. Elle a cependant considérablement écorné, outre sa popularité, l’image d’incorruptible forgée par des années de militantisme contre la dictature militaire.
Noyée par des accusations, chaque jour plus précises, liées à sa participation présumée dans le scandale Petrobras – du nom du pétrolier d’Etat qui a donné lieu à un détournement tentaculaire de fonds publics – cette Dilma-là, guerrillera, a disparu. Certains l’accusent en effet d’avoir personnellement bénéficié des malettes de billets.
Parmi eux, un ancien dirigeant de Petrobras selon lequel Dilma Rousseff aurait illégalement financé sa campagne présidentielle de 2010. Mais ce n’est pas tout. Elle aurait également usé de sa position pour faire pression sur la justice, d’après la déposition d’un sénateur du Parti des Travailleurs, Delcídio Amaral, également mis en examen dans l’affaire.
Son témoignage n’a été rendu public par la presse qu’au début du mois de mars. Et pour cause. Selon lui, Dilma Rousseff aurait manœuvré pour obtenir la libération de plusieurs hauts dirigeants impliqués dans le schéma de corruption Petrobras, dont l’un des plus influents acteurs du BTP, déjà incarcéré et condamné cette semaine à dix-neuf ans de prison, pour (entre autres) corruption et blanchiment d’argent.
Pis, Dilma Rousseff aurait aussi proposé selon le quotidien de référence O Globo, un poste de ministre à son prédécesseur et mentor, Lula da Silva, (qui aurait refusé) de manière à lui éviter, là-aussi la prison. L’ancien chef d’Etat étant désormais poursuivi, à son tour, pour avoir bénéficié de versements suspects liés à la fois à ses activités de conférencier dans le cadre de sa fondation mais aussi à ses investissements immobiliers. Une mascotte à son effigie, en habit de prisonnier, a d’ailleurs connu un franc succès ce week-end au sein des cortèges de manifestants. Surnomée « pixuleco », elle symbolise la crise envers les institutions : pixuleco n’étant autre que l’expression utilisée par l’ancien trésorier du Parti des Travailleurs, ex-secrétaire d’Etat aux Finances, lorsqu’il évoquait, en privé, les pots de vin qu’il recevait dans l’exercice de ses fonctions.
Moins exposée, l’opposition n’est pas pour autant épargnée. Car la déposition explosive du sénateur du PT Delcídio Amaral, qui accuse Dilma Rousseff, fait à nouveau apparaître le nom d’Aécio Neves, candidat malheureux du centre droit lors de la dernière élection présidentielle, accusé lui-aussi d’avoir perçu des commissions indues…
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