De passage en France, le Premier ministre grec Alexis Tsipras n’a pas hésité à critiquer le projet de Loi Travail, en citant l’exemple de son pays, qui a subi près de neuf plans d’austérité depuis 2009.
Aujourd’hui la Grèce, demain la France ? C’est en substance ce qu’est venu dire le Premier ministre grec Alexis Tsipras, vendredi 11 mars, à la veille d’une réunion des dirigeants socialistes européens organisée par François Hollande. Il était accompagné du numéro 1 du Parti communiste, le sénateur Pierre Laurent, et des eurodéputés de gauche d’autres pays européens. « À chaque fois qu’on a instauré ce genre de politique de flexibilité, les résultats ont été catastrophiques », a-til prévenu, ironisant sur les effets de ces mesures économiques: « En aucun cas, cela ne renforce la compétitivité de nos économies. Sinon, le Bangladesh aurait la meilleure économie du monde ! »
« Cette logique a été imposée en Grèce. Et cela a ramené au Moyen-Âge les relations du travail. »
Alexis Tsipras sait de quoi il parle. Élu sur un programme anti-austérité, le président de Syriza, coalition de la gauche radicale, a profité de la fronde populaire contre les mesures imposées par l’Europe pour arriver au pouvoir en janvier 2015, après des années de réformes libérales: « Cette logique [de réforme du droit du travail, ndlr] a été imposée en Grèce », retrace-t-il. « Et cela a ramené au Moyen-Âge les relations du travail. Tous ceux qui veulent imposer ce genre de réforme doivent réfléchir et peut-être étudier le cas grec ». Pour exemple, en novembre 2015, l’économie grecque s’est effondrée, avec une contraction de 0,9 % du PIB au troisième trimestre. Malgré les promesses de reprise économique, le tourisme et la consommation sont toujours en baisse.
Vivement critiqué, le projet de réforme du droit du travail présenté par la ministre Myriam El Khomri a mobilisé, selon les sources, entre 240 000 et 400 000 personnes dans la rue, mercredi 9 mars, à l’occasion d’un premier mouvement de grève. En réponse, une nouvelle version du projet remanié doit être proposé demain, lundi 14 mars. Pour l’heure, on ne sait pas encore s’il s’agira d’un profond remaniement ou d’ajustements à la marge. La présentation finale en conseil des ministres a pour sa part été repoussée au 24 mars.
La réforme dans sa version originale prévoyait notamment de faciliter les licenciements en cas de « difficultés économiques » de l’entreprise, comme « une baisse du chiffre d’affaires ou du montant des commandes pendant quelques mois », en laissant toutefois aux juges le soin d’apprécier ces notions. Elle prévoyait également de « plafonner » les indemnités prud’hommales à quinze mois de salaire, de diminuer la majorité des heures supplémentaires ou de diminuer les congés exceptionnels en cas de décès d’un proche. La Grèce, elle, a subi près de neuf plans d’austérité depuis 2009. Dont certains ont largement attaqué le modèle social grec en augmentant l’âge de départ à la retraite ou en augmentant considérablement les impôts de la classe moyenne.
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