L'Europe, le troisième choc

On entend souvent dire que l’Europe souffre d’un vice originel de construction : elle aurait été conçue pour temps de paix et de croissance. C’est faux.

De cette Europe qui menace de se désagréger sous nos yeux, on entend souvent dire qu’elle souffre d’un vice originel de construction : elle aurait été conçue pour temps de paix et de croissance, entre des nations respectueuses du droit, dans un environnement bienveillant, orienté vers la démocratie et le progrès. C’est faux : l’Europe est fille de la guerre froide, elle est malade depuis la fin de celle-ci.

Le traité de l’Atlantique Nord a été signé à Washington le 4 avril 1949 ; un mois plus tard sont publiés à Paris les principes de ce que l’on appellera le plan Schuman. C’est du reste le même Robert Schuman qui le premier tentera, mais en vain, de mettre sur pied une armée européenne dans le cadre de la Communauté européenne de défense (CED). Le trait de génie des premiers Européens, après avoir mis la défense de l’Europe occidentale entre les mains des Américains, est d’avoir conçu un complément à celle-ci, en créant sur les marges mêmes de l’empire soviétique une zone économique de croissance : une vitrine pour les peuples de l’Est qui vivent dans l’oppression et la pauvreté. La formidable forteresse stalinienne, fondée sur l’enfermement des hommes et des idées, ne résistera pas à cet appel d’air fondé sur la liberté et la prospérité.

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