Pour l’ambassadeur Bertrand Besancenot, en Arabie Saoudite depuis maintenant neuf ans, la France avait une carte à jouer suite au relatif désengagement américain au Moyen-Orient, et au rapprochement de l’administration Obama avec l’Iran. C’est en tout cas ce qu’il écrit, dès 2013, aux autorités françaises dans des télégrammes diplomatiques… Extraits.
Cette semaine, Marianne publie un dossier de douze pages décryptant les relations diplomatiques et économiques de la France avec l’Arabie Saoudite. A la lumière de plusieurs documents exclusifs que nous révélons, notamment des télégrammes diplomatiques, l’instrumentalisation de la France par le royaume saoudien pour faire pression sur l’administration Obama sur le dossier syrien est manifeste.
Parmi ces nombreux éléments, on trouve Bertrand Besancenot, ambassadeur de France en Arabie saoudite depuis 2007. Le problème, c’est qu’à force de rester à Riyad, on ne sait plus très bien de qui il est le représentant. « Il a le syndrome de Stockholm ! Il a tendance à défendre les positions du gouvernement saoudien sans recul« , critique dans Marianne un de ses collègues. Bertrand Besancenot est-il ambassadeur ou VRP ? Des notes qu’a pu se procurer Marianne permettent de s’interroger.
Printemps 2013, l’ambassadeur de France en Arabie saoudite écrit au Quai d’Orsay, ainsi qu’au conseiller Moyen-Orient de l’Elysée, Emmanuel Bonne, plusieurs commentaires révélateurs de son état d’esprit de l’époque.
D’abord, il se félicite des prises de position particulièrement dures de la France à l’égard de Bachard Al-Assad, responsable de la mort de plusieurs centaines de milliers de syriens dans la guerre civile qui déchire le pays, car cela donne une « bonne image » de la France en Arabie Saoudite : « Si l’inéluctabilité de la chute du régime ne fait pas l’ombre d’un doute ici, tout ce qui peut en accélérer la chute est le bienvenu. Aussi, les prises de positions des autorités françaises sont-elles particulièrement bien accueillies. Le fait que notre pays confirme son leadership sur cette question conforte notre image dans tous les milieux d’Arabie ».
Selon Monsieur l’ambassadeur, si la France a alors une carte à jouer en Arabie Saoudite, c’est que les Américains se distancient peu à peu au Moyen-Orient des Saoudiens, leur alliés historiques depuis 1945 : « Riyad rêverait en fait de préserver le “pacte de Quincy”, mais se rend compte du mouvement tectonique en cours de distanciation de Washington – avec notamment la perte de la dépendance américaine à l’égard du pétrole du Golfe – qui risque à terme de relativiser la protection des Etats-Unis face à l’Iran ».
Face à cette situation inédite, la France doit agir, selon lui, dans le sens des inquiétudes de l’Arabie Saoudite et des autres pétromonarchies sunnites : « Il est clair en tout cas que les Etats du Golfe s’inquiètent de la politique américaine dans la région et espèrent – sans trop y croire – convaincre Washington de se réengager au Moyen-Orient. Les Européens, et la France en particulier (du fait de sa politique active dans le monde arabe et de sa bonne relation avec l’administration Obama) ont là une carte à jouer, en soulignant leur volonté à la fois de contribuer à la stabilisation de la région et d’amener les Etats-Unis à se réengager dans la zone ».
Trois ans plus tard, on mesure le succès de telles analyses pour la place de la France au Moyen-Orient.
>>> Retrouvez les 12 pages d’enquête sur l’Arabie saoudite dans le numéro de Marianne en kiosques.
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