Entourée de quelques fidèles, Nathalie Kosciusko-Morizet a lancé ce mardi 8 mars sa campagne pour la primaire à droite dans un certain isolement.
Si l‘oeuvre de Cervantes portait le titre de L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, c’est plutôt NKM qui, depuis mardi soir, ferait penser au justicier solitaire et un peu fou. Vaillante, combattive, parfois même inconsciente, mais désespérément isolée au sein de sa famille politique. Nathalie Kosciusko-Morizet, désormais candidate à la primaire de la droite et du centre, a lancé sa campagne ce soir du 8 mars dans un café du VIe arrondissement parisien, entourée d’environ deux cents personnes. Des militants, des conseillers d’arrondissements aussi. Mais si peu d’élus de poids pour la propulser dans cette gigantesque machine que sera la compétition de novembre prochain.
Là où Bruno Le Maire brandit sa trentaine de parlementaires, là où Nicolas Sarkozy n’a qu’à claquer des doigts pour déployer une armée, là où Alain Juppé compte sur d’excellents sondages pour engranger les soutiens, NKM brille par l’absence de cadres autour d’elle. Bien sûr, les fidèles parmi les fidèles sont là : ses conseillers Jean-Luc Mano et Jérôme Peyrat, ses deux attachés de presse, son équipe web. Mais aucun maire d’arrondissement n’a fait le déplacement. Aucun député, aucun sénateur.
Une dizaine de conseillers de Paris tout au plus sont venus partager un verre de vin et une part de pizza pour soutenir celle qui était pourtant leur candidate il y a seulement deux ans, et qui reste aussi la présidente du groupe UMP à l’Hôtel de ville. « Ils n’ont pas pu tous venir« , nous assure-t-elle. « Ce n’est pas du tout le but de la soirée« , préfère déclarer son entourage. « Ça va pas, non ?!« , nous répond-on néanmoins lorsque l’on interroge certains conseillers de Paris sur leur éventuelle venue à la soirée.
« Je n’aime pas cette expression, ‘avoir des parrainages’, et la règle des 20 parlementaires est seulement faite pour éviter les candidatures fantaisistes. Personne ne nie que j’existe« , explique l’ancienne ministre aux journalistes. NKM refuse de se laisser enfermer dans ce débat, tant elle sait que la question peut pourrir sa future campagne. Elle se souvient trop qu’on ne parlait plus que des dissidences multiples dans lesquelles s’était engluée sa campagne pour Paris en 2013.
Aujourd’hui, elle balaie donc le sujet et préfère parler programme. Mais autour de la candidate, on ne cache pas que le sujet en reste un. Les conseillers de la candidate, conscients que ni Alain Juppé, ni Nicolas Sarkozy n’envoient pour l’instant de signal d’ouverture, pensent avoir trouvé la parade : il n’est précisé nulle part dans les statuts de la primaire que lesdits parlementaires devront être étiquetés LR. « Nous irons à l’UDI demander aux députés de la parrainer. Il y a même quelques écologistes avec qui nous pouvons travailler« , rêve ouvertement Jérôme Peyrat, faisant notamment référence à…. François de Rugy.
« Le problème de Nathalie, c’est qu’elle est détestée à droite et ça va être compliqué« , concède, lucide, un proche de l’ancienne candidate à la mairie de Paris. « Elle n’aura pas ses parrainages« , prédit un autre de ses bienveillants soutiens. D’autres, comme cette élue d’arrondissement, la poussent à ne rien lâcher face aux mastodontes de la primaire : « Sarkozy attend qu’elle crève la dalle pour lui donner au dernier moment et la forcer à le soutenir au second tour. Mais elle refusera.«
Isolée et effrontée, NKM devra donc travailler ses réseaux et montrer patte blanche aux élus pour pouvoir concourir, elle qui est si impopulaire au sein du groupe à l’Assemblée nationale : « Le problème, c’est que Nathalie s’est foutu à dos tous les députés en les snobant« , résume l’un d’entre eux. Reste une différence majeure de NKM par rapport au reste des candidats : elle est une femme. Et, si le siège du parti ne bouge pas d’un cil lorsqu’on soulève la question sensible de la parité, beaucoup à droite concèdent que l’image d’une primaire sans aucune candidate serait un problème. Un argument qu’elle ne manquera pas de dégainer en cas d’urgence, elle qui voulait faire de ce 8 mars une journée du droit des femmes…. à la primaire.
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