Début du commencement d’un mea culpa ? Le gouvernement, Myriam El Khomri en tête, reconnaît désormais un problème de communication dans la révélation du contenu de son avant-projet de loi réformant le code du travail. Pas de fond, de com’. Et derrière cette com’ précipitée, on trouve Matignon.
Vingt jours après la révélation de l’avant-projet de loi El Khomri et le début de la contestation, le gouvernement… change de stratégie. Plus question de mettre en cause des opposants qui ne connaîtraient même pas le texte qu’ils combattent – parole de ministre -, Myriam El Khomri entame désormais ce qui pourrait ressembler à un commencement de mea culpa.
N’allez pas croire cependant que ce mea culpa porte sur le contenu du texte. Non, si le gouvernement s’excuse, c’est parce qu’il reconnaît un problème de com-mu-ni-ca-tion. A l’image du Premier ministre devant le groupe PS ce matin à l’Assemblée : « La communication au moment de l’envoi au Conseil d’Etat n’a pas été réussie. Dire le contraire vous ferait sourire.«
Dans la bouche de Myriam El Khomri sur RTL le même matin, cela donne, beaucoup plus amère :
« Je ne nie pas que cette séquence a été difficile, en effet, parce que les arbitrages sont venus tardivement et en même temps il y avait déjà un avant-projet de loi qui était dans la presse donc, c’est vrai que pour démarrer et pour expliquer le sens de cette loi, ça rend les choses compliquées. (…)
[Emmanuel Macron] et moi aurions préféré annoncer cette loi de manière différente et pouvoir faire un peu plus de pédagogie que de la manière dont c’est parti… «
Idem lors des questions au gouvernement ce mardi après-midi : « Des arbitrages ont été rendus tardivement et ont fait que le texte qui s’est retrouvé dans la presse n’était pas la réalité du texte.«
Et voilà ! Ce ne serait donc plus la faute des contestataires qui auraient « mal compris » le contenu de la loi mais celle d’un projet dévoilé trop tôt dans la presse. Si l’on revient vingt jours en arrière, on se souvient pourtant que cette « fuite » sur l’avant-projet avait été méticuleusement organisée, le contenu se retrouvant tout à la fois dans Le Parisien, Libération et Les Echos. Mieux encore, le projet présenté par Les Echos était accompagné d’une longue interview de la ministre elle-même – qui avait d’ailleurs créé la polémique en brandissant déjà le 49-3. Une interview, avait-on appris dans la foulée, minutieusement relue par… Matignon.
Et puis, pourquoi le cacher ? Le texte dévoilé était après tout transféré au Conseil d’Etat au même moment. Pour un projet non fini aux « arbitrages venus tardivement« , c’est un peu gênant… Des témoignages survenus quelques jours plus tard ont montré à quel point la réforme était pilotée par Matignon. Un autre – celui d’un ministre cité anonymement par le Canard enchaîné ce mercredi – explique que « les deux mesures qui ont mis le feu« , à savoir le plafonnement des indemnités prud’homales et les conditions permettant un licenciement économique, ont été « imposées par Macron au dernier moment« . Bref, quand Myriam El Khomri souligne un problème de timing entre le texte dévoilé et les « arbitrages tardifs« , lorsqu’elle regrette la manière « d’annoncer cette loi« , il suffit de suivre son regard pour en trouver le(s) coupable(s)…
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