L’ex du groupe Action directe, condamné en 1987 pour assassinats, ne tarit pas d’éloges sur les djihadistes qui ont semé la mort à Paris en 2015. Des propos qui pourraient lui valoir la fin de sa liberté conditionnelle.
Entre terroristes, on se comprend. Pour Jean-Marc Rouillan, ouvrir le feu sur des civils sans défense dans une salle de concert ou à des terrasses de cafés, c’est « très courageux ». C’est ainsi que le cofondateur du groupe d’extrême gauche Action directe, commanditaire de nombreux assassinats et attentats dans les années 1980, a qualifié les djihadistes qui ont frappé Paris le 13 novembre 2015. Des propos tenus lors d’une interview à la radio associative marseillaise la Grenouille et au Ravi, un mensuel marseillais d’extrême gauche, et qui ont déclenché lundi 7 mars l’ouverture d’une enquête pour « apologie du terrorisme » par le parquet de Paris.
« Je les ai trouvés très courageux, ils se sont battus très courageusement », a déclaré Jean-Marc Rouillan à propos des terroristes du 13 novembre. « Ils se battent dans les rues de Paris, ils savent qu’il y a 2.000 ou 3.000 flics derrière eux, souvent ils ne préparent même pas leur sortie parce qu’ils pensent qu’ils vont être tués avant même l’opération. Ensuite, ils restent les bras ballants en disant ‘merde on a survécu à tout cela’. »
Jean-Marc Rouillan nourrit aussi une certaine admiration pour Chérif et Saïd Kouachi, qui ont assassiné douze personnes lors de l’attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. « Les frères Kouachi, quand ils étaient dans l’imprimerie, ils se sont battus jusqu’à la dernière balle. On peut dire qu’on est absolument contre leurs idées réactionnaires, on peut dire plein de choses contre eux, dire ‘c’était idiot de faire ci, de faire ça’, mais pas dire que c’est des gamins qui sont lâches.«
Son avocat a plaidé la « maladresse » auprès de Francetv info. Pourtant, interrogé par l’AFP, Jean-Marc Rouillan a assumé ses propos, tout en affirmant qu’il ne s’agissait « pas d’une valorisation du tout des djihadistes »…
Jean-Marc Rouillan, 63 ans, avait été condamné à perpétuité en 1987 pour les assassinats de l’ingénieur général de l’armement René Audran et du PDG de Renault Georges Besse. Il est en liberté conditionnelle depuis 2012, mais ses déclarations pourraient bien lui valoir un retour derrière les barreaux. « Il appartient au ministère public de requérir la révocation de la libération conditionnelle de cet individu », a estimé lundi le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, pour qui « ces propos sont une offense à la mémoire des victimes et une blessure supplémentaire pour des familles qui ont déjà beaucoup enduré ».
Des propos « inqualifiables », a également fustigé le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, mardi au micro de BFMTV et RMC. « M. Rouillan a une libération conditionnée. Elle peut être supprimée s’il commet une nouvelle infraction. Si le tribunal décide qu’il y a une nouvelle infraction, il est logique que le tribunal d’application des peine supprime » sa libération conditionnelle, a-t-il précisé. En 2008, Jean-Marc Rouillan avait déjà vu son régime de semi-liberté être révoqué car il n’avait pas respecté son interdiction de s’exprimer publiquement sur les faits pour lesquels il avait été condamné.
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