Le fondateur de la marque « Babtou solide certifié » cherche à s’imposer sur le créneau du streetwear en évitant de trop en dire sur ses activités politiques. Loïk Le Priol n’est pourtant pas un banal fondateur de start-up : membre bien connu du GUD, un syndicat d’extrême droite violent, il fait actuellement l’objet d’une mise en examen pour des faits de violences commises en réunion, avec préméditation et usage d’une arme.
Quand on veut faire son trou dans la mode, mieux vaut ne pas (trop) afficher sa couleur politique. Surtout quand elle a la croix celtique pour emblème.
La semaine dernière, Street press a publié un article sur « une marque de fringues qui cartonne dans les milieux natio » : Babtou solide certifié – « babtou » étant le verlan de « toubab », mot utilisé en Afrique de l’ouest et signifiant « blanc ». A l’origine du concept lancé en janvier, un jeune homme de 22 ans prénommé Loïk dans l’article. Au site d’info, il explique la philosophie de sa marque au style très streetwear : « On surfe sur une certaine vague identitaire. Dans le contexte, on trouvait important d’avoir une marque française pour les jeunes costauds français qui revendiquent leur identité. » A l’écouter, il n’aurait fait que flairer le bon coup. Il a aussi su promouvoir sa marque de t-shirt et de sweat-shirt en la faisant porter par des personnalités médiatiques telles que l’ancien président du FNJ, Julien Rochedy, ou le Général Piquemal, l’ancien commandant de la Légion étrangère devenu l’emblème de la « fachosphère » après son arrestation, le 6 février, lors de la manifestation interdite organisée à Calais.
Pas question pour Loïk, en revanche, de se prévaloir d’une quelconque appartenance idéologique. Encore moins de faire un lien entre sa marque et ses convictions. « Mes idées politiques n’ont rien à voir là-dedans », a t-il affirmé. Du simple marketing on vous dit…
Loïk a beau le nier, son CV n’est pas celui d’un banal fondateur de start-up. Passé par l’armée, il est un membre bien connu de la nouvelle génération des « rats noirs », comme aiment à se présenter les militants du syndicat d’extrême droite GUD (Groupe Union Défense). « Loïk au Gud, ça ne me dit rien », nous a déclaré son associée, Louise. Et pourtant… Pour marquer son appartenance au mouvement, l’ancien soldat Loïk Le Priol use d’un pseudonyme « amusant » sur Facebook : Loïk Jaihudet. Jai-hu-det, comme les trois lettres G-U-D.
Les membres de ce syndicat qui a connu son heure de gloire dans les années 80 et qui s’est développé à l’ombre des amphis de l’université de droit d’Assas sont des adeptes de slogans du type : « Français d’abord, clandestins dehors ! », une version revisitée du traditionnel « La France aux Français ». Des messages qu’on pouvait entendre lors d’une manifestation des droites radicales organisée à Paris « contre le droit de vote des étrangers », en mai 2012. Manif à laquelle participait le militant Le Priol, comme l’avait relevé le site antifasciste Reflexes.
Une autre passion de ces jeunes gens biberonnés à la violence de rue et au virilisme, c’est la castagne. En la matière, on peut dire que le « babtou » en connaît un rayon. A l’image de son grand copain, le chef du GUD à Paris, Logan Djian, dit le « Duce » (à gauche sur la photo, avec Loïk Le Priol), qui le fréquente notamment au Crabe-Tambour, un bar associatif géré par la fine équipe.
Le 9 octobre dernier, les deux « gudards » ont fait parler leurs poings en cognant lourdement un de leur ancien camarade, Edouard Klein, un temps patron du GUD parisien. L’affaire, révélée par Marianne – nous n’avions cité que le nom de Logan Djian –, s’est déroulée au domicile de Klein. Ce soir-là, pour une raison obscure, Le Priol et Djian se sont acharnés sur leur ex camarade avec une violence telle que l’ancien étudiant d’Assas a fini à l’hôpital. Edouard Klein a déposé plainte, envoyant les deux boxeurs en détention provisoire et provoquant l’ouverture d’une information judiciaire.
Sortis de prison en novembre dernier, Le Priol et Djian ont été mis en examen pour violences aggravées, qualification retenue car les faits auraient été commis en réunion, avec préméditation et usage d’une arme. Interrogée sur ce point, la collaboratrice de Loïk Le Priol nous a fait savoir qu’il ne souhaitait pas faire de commentaire. Rappelons qu’à l’époque, son ami Logan Djian était déjà mis en examen pour violences en réunion dans un autre dossier : les coups portés contre des Femen lors d’une manifestation anti-mariage gay orgnanisée par les intégristes de Civitas, le 18 novembre 2012. Reste à savoir si les deux acolytes se risqueront à porter du « babtou solide » le jour de leur procès…
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