La Commission européenne doit se prononcer sur l’autorisation ou non de vente d’un herbicide, le glyphosate, qui entre dans la composition du Roundup de Monsanto. Problème : l’avis de l’Autorité européenne prend en compte les études favorables des industriels, tandis que de nombreux scientifiques estiment que le produit est cancérogène.
C’était plié. L’Europe s’apprêtait à prolonger la mise en vente d’un herbicide, le glyphosate, pourtant de plus en plus contesté pour ses effets cancérogènes. Le feu vert devait être donné par les Etats membres ces 7 et 8 mars. Selon une note à laquelle a eu accès Le Monde, le vote s’annonçait d’ailleurs « sans fracas ». Il était en effet question d’autoriser le glyphosate jusqu’en 2031.
Le lobbying intensif mené par les industriels s’avérait une fois encore fort efficace, puisque l’avis favorable émis au préalable par l’Autorité européenne de sécurité des alimentas (EFSA) était fondé, relève Le Monde, sur des études… « réalisées par les industriels eux-mêmes » ! Et le quotidien de souligner la « crise de confiance » envers les institutions.
Dans ces conditions, la firme américaine Monsanto pouvait se frotter les mains. L’herbicide en question, qui participe à « l’élaboration de près de 750 produits » commercialisés « par plus de 90 fabricants » « dans une vingtaine de pays », n’est autre que l’un des principaux composants de son produit phare et controversé : le désherbant Roundup.
C’était compter toutefois sans la mobilisation d’une poignée de scientifiques parmi lesquels les membres du CIRC, l’agence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) spécialisée sur le cancer. Pour eux, aucun doute : le millier d’études parues dans l’ensemble des revues scientifiques pointe la dangerosité du glyphosate qu’ils jugent, dans un avis rendu en mars 2015, « cancérogène probable pour l’homme » et pour « l’animal ». Il ont donc demandé l’interdiction de cette substance, suivis par plusieurs ONG dont Greenpeace. Les pétitions lancées par ces dernières ont réuni plus d’un million de signatures.
Face à l’ampleur de la mobilisation citoyenne, la Commission européenne s’est à son tour saisie du sujet. Le 3 mars, quatre groupes parlementaires de gauche ont écrit au commissaire européen à la Santé, Vytenis Andriukaitis, afin d’obtenir le report du vote. Puis, surprise : la ministre française de l’Ecologie, Ségolène Royal, a annoncé le lendemain que « la France s’alignera sur la Suède pour dire non » au glyphosate. Le verdict final de la Commission européenne est attendu d’ici à ce mardi soir.
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