Pourquoi il est temps de lutter contre la "gynophobie"

« De la « simple » insulte de rue à la lapidation », la réalisatrice Lisa Azuelos veut réunir toutes les violences faites aux femmes dans un seul mot : la « gynophobie ». A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes ce 8 mars, elle lance avec son association une plateforme artistique : www.nogynophobie.org.

1 femme sur 7 sera victime de viol dans sa vie, 1 femme sur 3 de violences, 14 millions de petites filles sont mariées chaque année, 133 millions de femmes ont subi des mutilations génitales etc… Derrière ces chiffres, il y a des réalités de femmes en souffrance partout dans le monde. Je ne veux plus être complice. Je ne veux plus savoir et ne rien faire. On a tous à notre niveau un rôle à jouer pour ne pas être complice de cette gynophobie ambiante, de cette réalité accablante pour la moitié de l’humanité. J’ai créé ce mot et ce mouvement pour qualifier et  dénoncer tous les actes de gynophobie (de la « simple » insulte de rue à la lapidation), pour réunir toutes les violences en une seule (comme le racisme ou l’homophobie) et dénoncer non plus celles qui en sont victimes (comme d’une fatalité) mais ceux qui en sont coupables (donc responsables) .
 
Le monde s’est trop habitué à ces violences comme on s’habitue à la faim dans le monde. En realité, c’est aussi intolerable que l’esclavage ou la ségrégation. Ça nous paraît impensable aujourd’hui. Ou alors on ne s’appelle pas l’humanité. « Qu’est-ce qu’on fait pour la moitié de l’humanité en souffrance? », « Qu’est-ce qu’on fait pour le féminin en souffrance ? » et surtout « Comment fait-on pour combattre quelque chose qui n’a pas de nom ?»
 
Face à toutes ces questions, j’ai voulu apporter le mot « Gynophobie »
Face à toutes ces questions, j’ai voulu apporter un mot. Gynophobie. J’ai essayé de construire ce mot en faisant simple et basique. D’abord qu’il puisse être international. Gyné, en grec, c’est la racine de femme et phobie – évidemment cela inclut la peur – mais cela inclut aussi le mépris et le rejet. Avec ce mot, je souhaite porter un mouvement mondial #nogynophobie, avec tous ceux qui pensent comme moi qu’il n’y a pas plus urgent que de s’occuper du féminin du monde et que la paix du monde démarrera par la paix d’un homme et d’une femme. 
 
Mon association lance aujourd’hui une plateforme artistique, www.nogynophobie.org, où chacun pourra poster des œuvres artistiques (vidéos, photos, textes…) pour dénoncer, pour faire bouger les lignes sur la gynophobie. Après le mot, vient l’image. Il me semble que l’art, sous toutes ses formes peut vraiment changer les mentalités. Je veux qu’un jour il nous soit totalement insupportable d’imaginer une femme victime de violence, comme il nous est aujourd’hui impensable d’enchaîner et de fouetter un homme noir.
 
Dans la continuité de la plateforme, j’organise un concours de courts-métrages, « C’est quoi la gynophobie pour toi ? » soutenu par la Fondation Kering. Des œuvres de moins de 5 minutes, fiction, drôle, animation, documentaire, de tous les genres possibles. Des œuvres qui nous touchent, nous font penser, nous font réagir sur la gynophobie. Le lauréat recevra un prix à Cannes, un prix pour un film qui, j’en suis sûre, peut faire avancer la cause des femmes. À terme, je vais créer, avec mon association, un observatoire de la gynophobie. Toujours dans l’idée que si l’on nomme, si l’on montre, on ne peut plus accepter. 
 
Ce mot, la gynophobie, existe pour qu’on puisse être tous ensemble, les hommes et les femmes, puisque c’est pour moi vraiment la chose la plus importante. Un mot qui défend non seulement les femmes mais l’humanité dans son féminin et les hommes sont évidemment concernés par ça. Nous tous.

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