S’affirmant « féministe », François Hollande donne cette semaine une interview dans le magazine « Elle » dans la perspective de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars. Mais que celles et ceux qui espèrent y entrevoir de nouvelles avancées dans ce domaine ne se réjouissent pas trop vite…
La journée internationale des droits des femmes, c’est mardi prochain, le 8 mars. Alors, chez François Hollande on s’est dit : quoi de mieux pour s’adresser à elles que de le faire dans Elle ? Le président de la République a donc accordé une longue interview au magazine féminin qui paraît cette semaine. L’occasion de s’affirmer comme « féministe » (« Et toujours socialiste« , éprouve-t-il le besoin de préciser) mais surtout de revenir sur les droits acquis et sur ce qu’il reste encore à faire. Dans ce domaine, l’actualité ne cesse en effet de rappeler au chef de l’Etat l’urgence d’agir. Mais pour ce qui est d’un plan d’action, les lectrices et les lecteurs en seront pour leurs frais…
François Hollande aborde d’abord le terrain de la famille. Lors du dernier remaniement, l’intitulé jugé rétrograde du ministère « de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes » avait fait bondir les féministes. Feignant de ne pas comprendre que le simple rapprochement dans un même maroquin des droits des femmes avec la famille et l’enfance pose problème, le président s’interroge : « Ah bon, parce que la famille ce serait de droite (…), ce serait une valeur réactionnaire ? » Et d’annoncer tout de même vouloir « corriger cet intitulé au profit de ‘ministère des Familles‘, afin de les reconnaître toutes, les recomposées, les monoparentales, de même sexe« . « Si j’ai voulu le mariage pour tous c’est bien pour donner à tous la possibilité de former une famille », insiste-t-il. Au-delà du changement d’étiquette, le chef de l’Etat ne fait toutefois aucun pas vers les couples de femmes, qui réclament toujours que leur espoir de fonder une famille se traduise dans l’autorisation de la PMA, promise par le PS en 2012.
Autre dossier : la grâce partielle qu’il a récemment accordée à Jacqueline Sauvage, cette sexagénaire battue et coupable du meurtre de son mari après des décennies de maltraitance, et qui a montré une prise en compte du sujet à l’Elysée. De là, cependant, à en tirer des conséquences léglislatives, la marche est encore haute : « Avant de modifier la légitime défense, mieux vaut prendre d’infinies précautions« …
Evoquant ensuite les agressions sexuelles de masse à Cologne le soir du Nouvel An – « un choc » -, François Hollande en arrive au harcèlement de rue – « insupportable, indigne, scandaleusement banlisé« . Que faire alors ? « Laurence Rossignol (la ministre de la Famille et des Droits des femmes, ndlr) va prendre de nouvelles initiatives », assure le président. Mais quand on lui fait remarquer que fin janvier, dans le texte sur le harcèlement et les violences sexistes, les sénateurs ont écarté l’article concernant les transports, il donne une réponse tout aussi vague : « S’il faut changer la loi pour que des sanctions soient effectivement prononcées, j’y suis prêt« . Nous voilà bien avancé(e)s…
Finalement, le président se montrera plus disert pour évoquer son parcours personnel, son enfance, son rôle de père de famille… Même si les tentatives presque subtiles de Elle pour dériver vers la vie privée du chef de l’Etat resteront vaines, comme quand les journalistes lui demandent qui l’a « sensibilisé à la situation des femmes« , avant d’égrener la liste de ses conquètes féminines connues : « Ségolène Royal, Valérie Trierweiler, Julie Gayet ? ». « Convenez que l’ont peut se déterminer par soi-même !« , élude à raison le chef de l’Etat. Le second essai sur Julie Gayet sera tout aussi infructueux : « Je n’ai rien à vous dire sur ce sujet« . Et sur les autres, alors ?
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