Pourtant sacré meilleur film aux Césars, la déception "Fatima"

Récompensé cette semaine par le César du meilleur film, porté par un sujet plus que le louable, « Fatima » de Philippe Faucon, peine cependant à convaincre…

Le sujet était louable. Donner la parole et de la visibilité aux oubliés du grand écran, petites gens, travailleurs de l’ombre, courageux et cassés par une économie convertie aux lois du marché et des profits. En ça, le dernier opus de Philippe Faucon, « Fatima », récompensé cette semaine par le César du meilleur film, est réussi.

Fatima – le personnage principal – une femme de ménage d’origine maghrébine, voilée, mère de deux filles, interpelle en effet les spectateurs. D’abord parce qu’elle ne parle pas, ou peu, le Français. Pour comprendre l’héroïne, il ne suffit donc pas de tendre l’oreille. Il faut lire les sous-titres et l’entendre parler arabe. Comme elle, le public se retrouve ainsi dépendant et spectateur d’un des principaux mécanismes de l’intégration ; la langue.

Ou plutôt les langues, car chez Fatima, comme dans beaucoup d’autres foyers immigrés, les enfants parlent en Français, mais les parents répondent dans leur langue d’origine. Un aller-retour linguistique qui transcende l’intégralité du film notamment du fait de l’intrigue qui commence lorsque Fatima, en arrêt maladie, prend la plume et panse ses maux grâce à l’écriture.

On s’attend alors à rentrer dans la tête du personnage, à se perdre dans sa complexité. Il n’en est rien. La tension demeure essentiellement dans le dehors et non dans l’intériorité de cette famille où se côtoient deux générations de femmes dont on sait finalement peu de choses.  

Bourré de bons sentiments voire de clichés – la mère dévouée, la patronne bourgeoise pingre, l’enfant pauvre qui veut devenir médecin et l’enfant riche qui ne fout rien etc. etc. – le film déroule alors une succession de tableaux attendus qui frisent parfois la caricature, malgré l’interprétation sobre des acteurs. 

Filmé en plans serrés, auxquels s’ajoutent les dialogues, succincts, et trop souvent le silence, « Fatima », s’éloigne sans qu’on ait pu, hélas, véritablement l’approcher.

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