Loi El Khomri : "Une porte ouverte pour m'exploiter davantage"

Avant de descendre dans la rue, la mobilisation contre la loi de Myriam El Khomri a commencé sur Internet. Les twittos confient notamment des anecdotes professionnelles sordides et leur mécontentement, via le hashtag #OnVautMieuxQueCa. L’une d’entre eux nous explique les raisons de son engagement 2.0, entre désillusion, inquiétude et colère.

Marianne : A 25 ans, comment se déroule votre arrivée sur le marché du travail ?

Caroline : Graphiste de formation, j’étais en alternance jusqu’en fin d’année dernière et je suis maintenant jeune salariée. J’enchaîne les contrats en alternance depuis quelques années car, dans mon milieu, j’ai trouvé très peu de CDD et pas de CDI après avoir obtenu mon diplôme. Le choix était donc soit l’alternance, soit le chômage… Aujourd’hui, je suis enfin salariée mais en CDD jusqu’en juin. Le CDI promis après mon alternance s’est transformé en : « On vous reprend en alternance sinon rien car nous n’avons pas le budget« . Belle entrée dans le monde du travail !

 

Qu’est-ce que la loi El Khomri, si elle venait à être adoptée, changerait à votre avis pour vous ?

Je ne sais pas si elle changerait quelque chose pour moi dans l’immédiat. Mais disons que je me sens déjà exploitée depuis mon arrivée sur le marché du travail. Et j’ai l’impression que cette loi serait une porte ouverte pour m’exploiter davantage. C’est un retour en arrière brutal alors que l’on se bat depuis des années pour faire avancer les choses. Je considère, de par ma situation, vivre une sorte de licenciement abusif. On vous a promis un CDI ? « Ah, nous n’avons plus les sous donc nous allons reprendre un stagiaire » ! Bien que le chiffre d’affaire de l’entreprise se porte très bien… Nous vivons déjà implicitement les situations dont parle la loi El Khomri mais une fois les choses écrites noir sur blanc, il sera difficile pour les salariés de s’imposer. Je considère stresser déjà assez au travail pour qu’en plus on ne m’ajoute pas une nouvelle épée de Damoclès au-dessus de la tête.

 

Pourquoi avoir ressenti le besoin de vous exprimer sur Twitter en utilisant ce hashtag alors que, d’après votre profil, ce n’est pas forcément dans votre habitude de réagir à l’actualité politique ?

Je m’exprime peu sur la politique car je ne me sens pas concernée habituellement. Mais là, c’étaient essentiellement des jeunes qui s’exprimaient sur des problèmes que je vis actuellement, sur une plateforme qui me parle. J’ai décidé de réagir, un peu sur le coup de l’énervement, en lisant tous les tweets précédents. J’ai toujours considéré les réseaux sociaux comme une façon simple et rapide de se faire entendre. Ce sont donc des tweets de ma propre expérience, vécue pratiquement au jour le jour.

>> « On vaut mieux que ça » : quand la France qui galère trop prend la parole

 

Avez-vous signé la pétition contre le projet de loi ?

Pas encore mais c’est prévu. J’attendais de lire d’autres articles sur le sujet, pour m’informer un peu plus.

 

Il y a 10 ans, avez-vous manifesté contre le contrat première embauche (CPE) ?

J’ai manifesté contre le CPE. Mais je vous avoue que j’étais un peu trop jeune pour comprendre les enjeux. Je suivais plutôt le mouvement, en comprenant néanmoins que notre avenir professionnel était en jeu.

 

Descendrez-vous dans la rue, cette fois, en cas de manifestation ?

Je manifeste très peu mais s’il le faut, pourquoi pas.

 

*Le prénom a été modifié


>>> Si, vous souhaitez participer à L’Agora de Marianne, soumettez-nous vos textes ici

 


Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply