Agriculteurs en colère, contestation de la loi El Khomri, gauche en ruine, primaire sur les rails… De retour en France après une tournée d’une semaine dans le Pacifique puis en Amérique latine, François Hollande retrouve une situation politique plus tendue que jamais.
Welcome back, Mister President ! François Hollande a-t-il vraiment envie de rentrer en France, après une tournée dans le Pacifique et en Amérique du Sud où il a enchaîné colliers de fleurs et penalty dans des buts vides entre les multiples cérémonies officielles ? Vendredi en début de soirée, l’avion du chef de l’Etat touchera le sol français, et son occupant en retrouvera les cruelles réalités. Car pendant son absence, les crises en tout genre se sont enchaînées à un rythme effréné.
D’abord, une colère paysanne qui n’en finit pas. François Hollande n’aura qu’une nuit pour se remettre du décalage horaire avant de s’y confronter. Le président se rend samedi matin porte de Versailles, à Paris, pour l’inauguration du Salon de l’agriculture. Très chiraquien lorsqu’il s’agit de goûter un maximum de produits des terroirs et taper dans le cul des vaches, François Hollande est un friand de l’exercice. Pourtant, il n’est pas certain qu’il passe près de 12 heures au salon, comme lors de la campagne présidentielle de 2012… A l’Elysée, on assure toutefois qu’il n’est pas question de chronométrer le déplacement. « Il prendra le temps qu’il faudra, comme tous les ans », balaie un conseiller auprès de Marianne. Au risque de subir les insultes ou le jet d’œuf qui transformeraient la visite en désastre de communication. Proche ami de François Hollande, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll en sait quelque chose, lui qui a été alpagué par des agriculteurs devant son domicile du Mans, dimanche soir.
Autre dossier brûlant : la réforme du code du travail. La polémique battait déjà son plein lorsque François Hollande décollait pour la Polynésie française, le week-end dernier. En réalité, ce n’était alors que les braises de ce qui est devenu un immense incendie. Le chef de l’Etat fait désormais face à une pétition en ligne qui a réuni plus de 600.000 signatures en sept jours et à un front syndical uni contre le texte. Avant une éventuelle mobilisation dans la rue.
Pour ne rien arranger, cet avant-projet décrié comme une copie conforme des réclamations du patronat, a aggravé encore la fracture à gauche. Et c’est un Parti socialiste plus que jamais transformé en champ de bataille que François Hollande s’apprête à retrouver. Son Premier ministre, Manuel Valls, et son ancienne adversaire à la primaire socialiste, Martine Aubry, se déchirent en place publique depuis que la maire de Lille a co-signé, mercredi, une tribune au vitriol contre la politique du gouvernement.
Et puis il y a cette primaire de la gauche qui devient, au fil des semaines, de moins en moins hypothétique. Ce n’est certes pas la première fois que les déçus de Hollande tentent de la mettre sur les rails. A chaque reprise, ces derniers mois, la stratégie élyséenne a été la même : laisser s’éteindre d’elle-même une flammèche qui n’arrivait jamais à prendre. Cette fois, le scénario est différent. Depuis l’appel d’un groupe de responsables politiques et d’intellectuels dans Libération, en janvier, le collectif « Notre primaire » enchaîne les réunions sur le sujet. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, fait mine de s’y résigner. Même Martine Aubry, qui a jusqu’ici toujours estimé que le président sortant était le candidat naturel du PS en 2017, vient d’opérer un virage à 180 degrés. Elle trouverait désormais « formidable » que François Hollande participe à une primaire…
Faut-il préciser que le chef de l’Etat ne trouvera aucun réconfort à la lecture des enquêtes d’opinion en descendant de son avion ? Sa cote de popularité s’enfonce et un sondage Ifop-Fiducial publié cette semaine par Paris Match le voit éliminé dès le premier tour de la présidentielle dans la quasi-totalité des cas de figure. Seule une candidature de Bruno Le Maire pour la droite lui permettrait d’accrocher le second tour. Faible perspective…
Tout au long de son voyage, François Hollande a soigneusement évité ces sujets nationaux auprès des journalistes qui l’accompagnaient. Pas un mot – même en petit comité – sur la tribune assassine de Martine Aubry. « Depuis l’Argentine, ça aurait été déplacé », justifie-t-on à l’Elysée. Tout juste le chef de l’Etat a-t-il évoqué en des termes très prudents la réforme du code du travail, jeudi à Buenos Aires, en rappelant son souci de « réformer dans l’esprit d’équilibre ». On a connu contre-attaque plus musclée… L’Elysée temporise : « Il faut prendre le temps du débat et les occasions de prendre la parole seront nombreuses les prochaines semaines. » Mais en plein « état d’urgence économique et social », comme François Hollande l’a lui-même proclamé le mois dernier, le chef de l’Etat peut-il se permettre de laisser autant de foyers prospérer en même temps ?
Martine Aubry n’aime pas beaucoup la politique de François Hollande (en voyage en Argentine). pic.twitter.com/n5kgdG7jum
— PLANTU (@plantu) February 25, 2016
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