Quand le ralliement de Boris Johnson au Brexit concentre le débat politique, les grands patrons, la « City » et la presse tentent de contrôler le devenir du Royaume-Uni au sein – ou en dehors – de l’UE.
Alors que le Footsie – le principal indice boursier londonien – dévisse depuis le ralliement du maire de Londres Boris Johnson au camp des pro-Brexit, 200 grands patrons britanniques ont publié mardi 23 février dans le Times un appel pour le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne. Leur société est, pour certains d’entre eux, cotée au Footsie, ce qui démontre la volonté de la City d’influer sur le référendum qui se tiendra le 23 juin.
Les grands patrons qui ont cosigné l’appel estiment qu’une sortie du Royaume-Uni de l’UE « découragerait l’investissement, menacerait l’emploi et mettrait en danger l’économie ». Et de quémander avant tout la pérennisation de l’accès des entreprises britanniques au marché européen, fort de « 500 millions de personnes », pour pouvoir « continuer à grandir, à investir et à créer des emplois ». Une ode au marché commun qui sonne comme une grande claque infligée à Boris Johnson, le maire de Londres demandant aujourd’hui le départ du Royaume de l’UE alors qu’il a jusqu’ici choyé les acteurs financiers de la City.
Mais les grands patrons britanniques ne se rangent pas tous du côté anti-Brexit. Le « roi » de l’aspirateur sans sac, Sir James Dyson, s’est ainsi déclaré en novembre en faveur d’une sortie de l’UE, qu’il estime « dominée par l’Allemagne ». Et d’expliquer que « les grandes entreprises allemandes influent sur la détermination des normes et rendent ainsi obsolètes les technologies britanniques ».
Le positionnement de Dyson reste encore minoritaire chez les grands patrons outre-Manche mais il pourrait prendre de l’ampleur avec le soutien des médias pro-Brexit. Aujourd’hui, seul le Daily Express marque délibérément son positionnement en faveur d’une sortie de l’Union européenne. Un appui qui s’explique par la sensibilité politique de son propriétaire, Richard Desmond, qui n’est autre que l’un des principaux donateurs du parti indépendantiste britannique, le UKIP de Nigel Farage.
Le Daily Express fait néanmoins office de poids plume face aux grands titres qui défendent ouvertement le maintien du Royaume-Uni dans l’UE. Comme une évidence, on retrouve parmi ceux-ci le Guardian et le Daily Mirror, soutiens historiques du Parti travailliste. Mais le « BrexIN » est également défendu par deux titres proches des tories : The Independent et The Financial Times. Le premier étant détenu par un oligarque russe profondément libéral, le second par Nikkei, plus grand groupe de presse financière au monde…
Si les médias britanniques semblent aujourd’hui se ranger majoritairement du côté du « BrexIN », un homme pourrait faire basculer le curseur en faveur de l’autre camp.. Propriétaire du Times mais aussi du Sun et du Sunday Times, Rupert Murdoch s’est illustré à maintes reprises par son euroscepticisme. Son dernier fait d’armes date de juin 2015, quand le Mail a écrit qu’il avait changé d’opinion vis-à-vis de l’Europe. Réponse immédiate et tranchée de l’intéressé sur Twitter : « Plus qu’un non-sens dans le Mail de samedi à propos de ma position sur l’Europe ».
Si le tabloïd The Sun se montre extrêmement critique envers David Cameron et ses positions, la publication mardi de l’appel des 200 grands patrons dans les colonnes du Times – d’obédience centre-droit – penche vers le au « BrexIN ». Tiendra-t-il jusqu’au 23 juin ?
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