La ministre du Travail Myriam El Khomri a affiché ce mercredi 24 février sa satisfaction en annonçant personnellement, à 18 heures, une baisse du nombre de demandeurs d’emploi de 27.900 personnes en janvier. Dans le même temps, ses services signalaient dans leur communiqué « une hausse inhabituellement forte » des sorties pour défaut d’actualisation…
Qu’importe la façon, pourvu qu’on ait la baisse ! Sitôt annoncée, ce mercredi 24 février, la baisse du nombre de demandeurs d’emploi de 27.900 personnes en janvier, la ministre du Travail Myriam El Khomri s’est réjouie publiquement, se félicitant notamment de “ce que nous avons déjà réussi à faire pour les jeunes” et y voyant une « confirmation de la tendance qui se dessine depuis l’été dernier« .
Pour l’occasion, la ministre avait même prévu un « priorité au direct » avec BFMTV, organisé depuis une agence Pôle emploi où elle se trouvait en visite. Un live au cours de laquelle on a pu la voir attendre, rayonnante, que le gong de 18 heures (heure de diffusion officielle des données) ait sonné afin d’annoncer en personne la grande nouvelle aux Français.
A priori on la comprend. Sauf que dans son communiqué, le service des statistiques du ministère du Travail (Dares) mentionne un détail qui aurait dû appeler sa patronne à plus de retenue : « Le nombre de sorties de catégories A, B et C pour cessation d’inscription pour défaut d’actualisation a enregistré une hausse inhabituellement forte« . En clair, sans dire dans quelles proportions exactes, la Dares concède que la baisse est en partie due au fait que nombre de demandeurs d’emplois ont été sortis des statistiques le mois dernier faute d’avoir mis à jour leur situation. Ce qui “affecte à la baisse” (sic) le chômage.
Une explication optimiste s’offre à la Dares pour expliquer le phénomène : ces chômeurs non actualisés ont tout simplement trouvé un travail mais omis d’en avertir Pôle emploi. Mais un événement pas si lointain donne des pistes moins réjouissantes… En août 2013, on se souvient que la courbe du chômage, après 27 mois de hausse consécutive, s’était soudainement inversée, avec 50.000 chômeurs de moins que le mois précédent ! Las, les investigations menées par Pôle emploi avaient par la suite révélé que l’opérateur SFR avait “rencontré une grave défaillance dans l’acheminement d’une partie des messages de relance (SMS et messages vocaux) aux demandeurs d’emploi lors de la campagne d’actualisation du mois d’août”.
Ces messages, nous avait alors expliqué l’organisme, “sont adressés chaque mois 5 jours avant la clôture de la campagne d’actualisation aux demandeurs d’emploi qui n’ont pas encore effectué leurs obligations de déclaration”. Présentant leurs excuses, les services du ministère du Travail avaient admis que l’incident était “de nature à expliquer l’ampleur de la hausse du nombre de sorties pour cessation d’inscription pour défaut d’actualisation au titre du mois d’août 2013”. Laquelle, inhabituelle, avait suscité comme aujourd’hui un avertissement dans la publication de la Dares.
A l’époque, l’impact du bug technique avait été évalué “dans une fourchette de 32.000 à 41 000”. De fait, dès le mois suivant, le chômage avait battu un nouveau record, avec une hausse de 60.000 demandeurs d’emploi. « Il n’y a pas de bugs à ce stade qui sont signalés« , a assuré ce mercredi Myriam El Khomri sur BFMTV. Espérons pour les concernés qu’elle ait raison, et qu’un mirage ne se soit pas reproduit le mois dernier.
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