Accusés de tuer les abeilles, l'ONU les charge d’un rapport… sur la pollinisation

La Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (l’IPBES) doit rendre un rapport très attendu sur la pollinisation. Or, deux des experts mandatés par ses soins sont employés par deux des plus gros producteurs d’insecticides, Bayer et Syngenta, justement accusés de tuer (entre autres)… les abeilles. Vous avez dit conflit d’intérêt ?

On n’est jamais si bien servi que par soi-même… Les lobbies de l’agrochimique ne diront pas le contraire, et tant pis pour les situations embarrassantes dans lesquelles ils se retrouvent parfois. Leur dernière cocasserie fait d’ailleurs peu de bruit. A peine quelques vagues au sein de l’IPBES – la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques -, chargée de rédiger un rapport sur la pollinisation.

C’est que pour étudier la pollinisation, cet organisme intergouvernemental (ouvert aux 124 membres des Nations unies) ne voit aucun problème à s’offrir les services de deux experts eux-mêmes employés par… deux des plus gros producteurs d’insecticides, les groupes Bayer et Syngenta. Lesquels sont précisément accusés de décimer (entre autres) les populations d’abeilles !

« Enrayer le déclin des insectes pollinisateurs »

« Deux des chapitres-clés [du rapport] sont sous la responsabilité de scientifiques salariés de Bayer et Syngenta » rapporte ainsi Le Monde, qui souligne « l’importance cardinale » (…) de « ce premier rapport de l’IPBES » (…) : « A l’image de ceux du GIEC sur le changement climatique, il servira en effet « de base à l’action politique pour enrayer le déclin des insectes pollinisateurs. »

Conflit d’intérêt ? Pas du tout. Pour le secrétariat de l’IPBES, mis en cause dès décembre 2014 par différents chercheurs, « les scientifiques des sociétés agrochimiques [sollicités dans l’élaboration du rapport] ont été sélectionnés sur leur capacité, comme scientifiques indépendants, à apporter une contribution objective ». 

Pour sa défense, Helen Thompson, l’une des experts pointés du doigt, renvoie quant à elle la balle. En poste chez Syngenta, elle a pour mission à l’IPBES de disserter sur les causes du déclin des pollinisateurs. Mais ce n’est pas de sa faute, dit-elle. C’est « l’IPBES qui (lui) a demandé de participer ». L’organisme, lui, s’en lave les mains. « Il n’y a que deux scientifiques salariés de l’industrie sur près de 80 chercheurs qui participent au rapport », souligne son vice-président. Deux de trop ?

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