Les 2000 étudiants de l’université Panthéon-Assas étaient acquis à sa cause. Mais Alain Juppé a d’abord été reçu mardi soir par les attaques de quelques membres d’un syndicat étudiant identitaire lui reprochant de soutenir la construction d’une grande mosquée à Bordeaux. L’ancien Premier ministre leur a répondu en invoquant son concept « d’identité heureuse ».
“Bienvenue Ali Juppé, grand mufti de Bordeaux« . C’est sous cette bannière qu’une dizaine de membres de l’association « Assas Patriote », syndicat étudiant d’extrême droite préférant se définir comme “souverainiste et identitaire”, arrivé en février 2014 à Assas, ont perturbé l’arrivée d’Alain Juppé mardi soir devant l’entrée de la faculté parisienne. Près de 2000 étudiants de l’université de droit étaient venus assister à une conférence menée par l’ancien Premier ministre, à l’invitation d’une autre association, « Assas Junior Conseil« .
Le président des « patriotes » d’Assas, Guillaume Mahistre, justifie cette bannière par « l’implication« , dit-il, du maire de Bordeaux dans le projet de construction d’une grande mosquée dans la capitale girondine. Un sujet sensible pour l’édile de la Ville, qui a cédé en 2005 un terrain à l’Association des Musulmans de Gironde, porteuse du projet et affiliée à la contestée UOIF. L’implication de la Ville et de son maire au projet s’arrête ici, ce que ne semble pas admettre le Front national local, dont un candidat aux départementales de 2014 a affublé le Landais du surnom d’ « Ali Juppé ».
Des allégations frontistes que reprend à son compte Guillaume Mahistre, dénonçant « la volonté de Juppé de financer le retard cultuel de l’Islam ». Désireux de ne pas « voir s’installer un Islam radical en France », le président d’ ”Assas Patriote” reproche également à l’ancien Premier ministre d’être un « hyper mondialiste, européiste, qui compromet la souveraineté de la France ». N’en jetez plus.
Pas de quoi déstabiliser un Alain Juppé à son aise dans un amphithéâtre acquis à sa cause. Le maire profite d’abord d’un portrait brossé par deux étudiants – et dans lequel il est rappelé qu’enfant, il souhaitait devenir pape – pour évoquer de lui-même la fameuse banderole sur le ton de l’humour : « Je voulais devenir pape et j’ai découvert que j’étais Grand Mufti« , provoquant rires et applaudissements dans l’assistance. Du tout cuit.
Le favori des sondages pour la primaire de la droite et du centre poursuit sa réponse sur un ton plus sérieux. Il en profite pour développer son « identité heureuse« , position défendue depuis septembre 2014 à l’occasion d’un ouvrage collectif des membres de l’ex-UMP. Il reconnaît qu’il existe un problème qui se focalise sur « la place de la religion musulmane en France » et affirme « ne pas négliger le trouble identitaire« . Cependant, il y a selon lui « une question qui se pose : l’attitude de la société française avec la religion musulmane« . Avant d’insister : « il y a aujourd’hui une lecture du Coran qui est compatible avec la société française« .
Pour appuyer son propos, il cite le théologien Tareq Oubrou, qu’il estime. Dans son dernier livre Ce que vous ne savez pas sur l’Islam : répondre aux préjugés des musulmans et des non-musulmans, celui qui est également imam de l’actuelle mosquée de Bordeaux « balaye une fois pour toutes l’idée selon laquelle l’islam serait par essence incompatible avec la modernité, la démocratie, l’égalité hommes-femmes et les valeurs de la République« .
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