Fermer la frontière belge par crainte des migrants de Calais ? "De la communication politique"

La Belgique a annoncé le déploiement provisoire de près de 300 policiers pour contrôler ses frontières avec la France, le tout en vue d’un éventuel afflux de migrants venus de Calais. Yves Berton-Cini, directeur de l’Institut Jacques Delors, y voit un « coup de communication », et même un « mensonge politique » du gouvernement belge.

Après l’annonce du démantèlement des camps de Calais, près de 300 policiers vont être déployés, a annoncé le ministère de l’Intérieur belge, pour contrôler les frontières avec la France. Un rétablissement provisoire des frontières dans le but d’endiguer un éventuel afflux de migrants venant de la « jungle » de Calais vers la Belgique. Pure communication politique !, réagit Yves Berton-Cini, directeur de l’Institut Jacques Delors (centre de recherche européen).

Invité de France Info ce 24 février au matin, Yves Berton-Cini considère en premier lieu qu’il s’agit d’un « déficit de l’esprit de coopération » qui devrait primer entre « deux pays fondateurs de l’Union européenne » : « On devrait faire preuve d’un esprit de solidarité et de coopération plutôt que d’essayer de se renvoyer la balle. » Surtout, le directeur de l’Institut n’y voit rien d’autre qu’un coup de com’ à la fois à destination des migrants – « pour leur dire ‘ne venez pas‘ » – et à destination de la population belge – « rassurez-vous, dormez tranquille » :

C’est vraiment de la communication politique au sens littéral car ces contrôles systématiques que la Belgique peut tout à faire rétablir (légalement, ndlr), elle ne va pas les rétablir. Il y a une forme de mensonge, même, politique. On envoie 250 policiers pour plus de 600km de frontière entre la France et la Belgique ! » 

Un coup de com’ politique se voulant dissuasif mais rien qu’un coup de com’ car « matériellement on ne peut pas fermer la frontière franco-belge de 600 km », souligne Yves Berton-cini. Les images, elles, étaient bien là, avec caméras sur place, « montrant quelques douaniers qui faisaient ouvrir des coffres de voitures », contrôlant quelques migrants de Calais. « C’est dans la boîte ! » 

Le directeur de l’Institut Jacques Delors voit également « un déficit d’esprit de coopération inquiétant » dans l’absence de coopération entre la France et la Belgique dans un tout autre domaine, celui de la gestion des terroristes. On sait qu’avant et après les attentats du 13 novembre, certains ont réussi à passer sans difficulté la frontière. Pas question là encore de fermer la frontière – « On a besoin d’espions face aux terroristes, et pas de « plantons » mais bien de coopérer. « C’est ainsi que les autorités françaises et belges pourront gérer le déplacement éventuel de quelques migrants mais surtout, surtout, qu’elles pourront s’unir pour faire face au péril terroriste qui nous menace tous. »

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