El Khomri n'a "jamais parlé du 49-3" ? Un peu quand même…

La ministre du Travail Myriam El Khomri affirme n’avoir jamais évoqué un passage en force pour son texte de loi sur le code du travail. Elle a la mémoire courte.

L’avant-projet de loi de Myriam El Khomri qui doit réformer le code du travail n’en finit pas de faire des vagues à gauche. Si bien que le gouvernement multiplie les signes d’apaisement. En marge d’un déplacement à Mulhouse lundi 22 février, la ministre du Travail a exclu un passage en force lors de la discussion parlementaire. « Le 49-3 n’est ni souhaitable, ni nécessaire », a-t-elle déclaré à RTL. En ajoutant : « Il faut qu’on avance et je n’ai jamais parlé du 49-3. »

Ah bon ? S’il est vrai qu’elle n’a pas prononcé le numéro fatidique, Myriam El Khomri a bel et bien laissé entendre, dans une interview au quotidien Les Echos le 17 février, que l’emploi de cette disposition restait une possibilité. A la question de savoir si elle était « prête à utiliser le 49-3 si cela s’avère nécessaire », voici la réponse de la ministre : « Avec le Premier ministre, nous voulons convaincre les parlementaires de l’ambition de ce projet de loi. Mais nous prendrons nos responsabilités. » Un avertissement clair : si le gouvernement n’arrive pas à « convaincre les parlementaires », il n’entend pas renoncer au texte pour autant.

L’interview de la ministre a été relue à Matignon

Mais si Myriam El Khomri affirme sur RTL n’avoir « jamais parlé du 49-3 », peut-être est-ce pour une raison peu avouable. Selon les informations d’Europe 1, l’interview de la ministre aux Echos a d’abord été validée par l’Elysée, avant d’être relue à Matignon. Et ce sont les collaborateurs du Premier ministre qui auraient ajouté cette petite phrase sur le 49-3. Manuel Valls aurait donc utilisé l’entretien de sa ministre pour y glisser un avertissement très conforme à son style.

Pourtant, dans ses propres interventions médiatiques, le locataire de Matignon se donne plutôt le beau rôle, celui d’un pédagogue qui cherche à convaincre de l’importance de la réforme. « Ne rien changer, c’est nous condamner », martèle-t-il dans un texte publié lundi sur sa page Facebook. Un service après-vente qu’il a poursuivi ce mardi matin sur RTL, tout en balayant les interrogations sur un recours au 49-3. « Je ne suis pas sûr que ce soit aujourd’hui la question essentielle pour les Français », a éludé Manuel Valls, avant de poser tout de même cette question en forme d’avertissement : « Pourquoi préjuger de l’intelligence collective du Parlement ? » Sous-entendu : adopter ce projet de loi serait « intelligent ». Et le rejeter ne le serait pas. Interrogé ensuite par un auditeur, le Premier ministre est allé plus loin en assurant qu’il irait « jusqu’au bout » sur ce texte. Là aussi, une manière de parler du 49-3… sans en parler !

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