Brexit : Boris Johnson veut-il juste la peau de David Cameron ?

Le maire de Londres Boris Johnson et le ministre de la Justice Michael Gove ont finalement officialisé ce week-end des 20 et 21 février leur soutien au « Brexit ». Un affront pour David Cameron, qui n’a pas pour ressort le seul avenir du Royaume-Uni dans l’Union européenne…

Une fois conclues les interminables tractations bruxelloises des 18 et 19 février, censées aider David Cameron à éviter un « Brexit » lors du référendum du 23 juin, le Premier ministre britannique espérait peut-être passer un week-end londonien plus tranquille… Mais c’était compter sans les prises de position de Michael Gove et Boris Johnson samedi et dimanche, officialisant leur soutien au départ du Royaume-Uni de l’Union européenne. Ces deux grandes figures du Parti conservateur, proches de David Cameron, sont ainsi devenues de douloureux cailloux dans les chaussures du locataire du 10 Downing Street.

Les deux « poids lourds » tories justifient leur opposition au maintien du Royaume-Uni dans l’UE par des arguments de fond. Le Royaume-Uni « serait plus libre, plus juste et plus forte en dehors de l’Union européenne », a asséné le chancelier britannique en sortant le premier, samedi, du bois. Les cheveux – pour une fois – impeccables et la cravate ajustée, le tonitruant maire de Londres Boris Johnson lui a emboîté le pas dimanche devant les caméras des médias britanniques : « Je pense que personne ne peut prétendre que (l’accord) est une réforme fondamentale de l’Union européenne ou de la relation de la Grande-Bretagne avec l’UE ».

Boris Johnson propose un second référendum en cas de victoire du « Brexit »

L’affront ainsi lancé à Cameron est de taille, quand on se souvient que Michael Gove, outre qu’il est tout de même ministre de la Justice, est un vieil ami du Premier ministre. « Cela me navre de devoir être en désaccord avec le Premier ministre sur ce sujet. Mon instinct me pousse à le soutenir dans les bons comme dans les mauvais moments », s’est-il d’ailleurs justifié. Las, derrière lui, quatre autres ministres ont aussi pris position pour le « Brexit », montrant au passage que la solidarité gouvernementale n’a guère outre-Manche le sens qu’elle a à Paris. Moins proche du Premier ministre mais lui devant tout autant sur le plan politique — tous deux ont appartenu au shadow cabinet du leader conservateur, avant de le rejoindre au gouvernement —, Boris Johnson souligne aussi que « s’opposer à David Cameron » est « la dernière chose qu'(il) voulait« … Vraiment ?

Comme le rappelle The Independent, le maire de Londres est aujourd’hui le favori des bookmakers (parieurs) à la succession de Cameron. Fort de son immense popularité, Boris Johnson, en prenant ainsi la tête du clan pro-« Brexit », fait un pas de plus vers le poste convoité de Premier ministre. Réélu brillamment en mai 2015, David Cameron serait en effet poussé à la démission en cas de victoire du « Brexit » lors du referendum du 23 juin. Et la place du calife semblerait alors toute promise au vizir Johnson.

La sincérité des arguments de Johnson est apparue moins évidente après ses déclarations de ce lundi : le maire de Londres a en effet proposé, en cas de victoire du « Brexit », d’avoir recours à un second référendum afin de… renégocier des accords avec Bruxelles ! Du pain bénit pour David Cameron, qui l’a renvoyé dans les cordes devant la Chambre des communes : « Je ne m’arrêterai pas sur l’ironie de quelques personnes qui veulent apparemment demander un vote de départ pour rester ». Et de poursuivre : « J’ai connu beaucoup de couples en instance de divorce mais je n’en connaît aucun qui a entamé la procédure pour renforcer les liens de mariage »…

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