Le ministère de la Santé devait présenter vendredi dernier les conclusions du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales sur la Dépakine, un antiépileptique pouvant provoquer de graves malformations sur les enfants exposés in utero. Les victimes, véritables lanceurs d’alerte dans cette affaire, n’ont été ni prévenues, ni informées de la tenue de cette conférence… annulée à la dernière minute.
Marine Martin a bien failli défaillir. Jeudi dernier, lorsqu’elle apprend que le ministère de la Santé rendra publiques le lendemain les conclusions du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur la Dépakine, un antiépileptique pouvant provoquer de graves malformations sur les enfants exposés in utero, le souffle lui manque. Des mois qu’elle attend cette enquête, aboutissement d’années de combat pour comprendre comment la Dépakine a pu être prescrite à des femmes enceintes alors même que le médicament est dangereux pour les bébés et que cet effet indésirable était connu.
Marisol Touraine, la ministre de la Santé, avait demandé en juillet à l’Igas de se pencher sur cette affaire, mise sur la place publique, quelques mois plus tôt, par Marine Martin. Il était donc logique que la lanceuse d’alerte, présidente d’une association de victimes de la Dépakine, l’APESAC, soit tenue au courant des suites données. Sauf que ce jeudi, ce ne sont pas les services du ministère de la Santé qui avertissent Marine Martin, mais une journaliste, conviée, elle, à la remise du rapport de l’Igas.
« Le ministère ne m’a pas informée », déplore Marine Martin. Immédiatement, elle saute dans un avion reliant Perpignan, où elle vit avec sa famille, à Paris, pour assister à l’événement et découvrir les préconisations de l’Igas – elle n’a pas été informée non plus de leur teneur. L’accès au ministère étant contrôlé, Marine Martin se manifeste par la suite auprès du cabinet de Marisol Touraine. « J’ai demandé si je pouvais assister à la conférence de presse », raconte-t-elle. Après plusieurs messages sans réponse, on lui fait savoir qu’elle n’est pas la bienvenue. Le lendemain matin, pas encore découragée, Marine Martin reçoit un appel peu avant neuf heures, soit deux heures avant la conférence de presse : une journaliste l’informe que la présentation est annulée, reportée à une date ultérieure ! Etrange façon de considérer les victimes…
Une fois encore, Marine Martin contacte le ministère… qui finira, cette fois, pas la recevoir plus d’une heure et demie le vendredi matin. Un nouveau tête-à-tête est prévu demain matin. Avant une conférence de presse qui n’est plus organisée par le ministère mais par la direction générale de la santé et se tiendra en l’absence de Marisol Touraine. Sans davantage d’explication pour le moment.
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