L’affront national fait à Jacques Sapir

Dans un billet de blog intitulé « L’intelligence artificielle de Jack Dion », Jacques Sapir s’offusque de la critique de son dernier ouvrage par « Marianne » en prenant à partie l’auteur. Voici sa réponse !

J’ai commis un péché dont j’aurai du mal à être absous : j’ai osé critiquer le dernier livre de Jacques Sapir Souveraineté, démocratie, laïcité dans les colonnes de Marianne. Cela ne pardonne pas. L’historien n’est pas homme à tolérer que l’on discute ses thèses, et encore moins que l’on s’interroge sur ses affinités électives. Il a donc troussé sur son blog un semblant de réponse où il évite tous les sujets qui fâchent pour ne conserver que le procès ad hominem, mêlant faux fuyants, sous entendus, attaques gratuites, allusions déplacées, pour finalement s’interroger sur mon « étrange rapport » à « l’honnêteté ».

Sur ce sujet, je reconnais mon humble déficit par rapport au maître qu’est Jacques Sapir. Dans son pensum, il considère que je n’ai pas pris la mesure de son œuvre immense, forcément immense. C’est son droit et je ne lui disputerai pas le propos. Tout auteur peut se sentir incompris ou mal compris et il peut considérer que la présentation de son ouvrage passe à côté de l’essentiel. La réaction est assez banale, surtout venant d’une personne ayant une certaine idée d’elle-même.

Un caprice de star autoproclamée

« La pensée ne commence qu’avec le doute », disait Roger Martin du Gard. Chez Sapir, elle commence plutôt avec la certitude pour se terminer par le mépris vis-à-vis de quiconque ose ébrécher l’apparente cohérence de la supposée pensée. Passons. Ce n’est là que caprice de star autoproclamée. Il suffira d’une bonne tisane pour digérer le trouble intestinal.

Plus grave est l’accusation en malhonnêteté assenée sans avancer la moindre preuve. Et pour cause : dans son libelle vitriolé, Jacques Sapir ne souffle mot des questions posées par Marianne sur son enfermement dans la matrice nationale, et encore moins sur sa main tendue vers une extrême droite surfant allègrement sur le souverainisme pour développer des thèses n’ayant qu’un lointain rapport avec la démocratie et encore moins avec l’esprit républicain.  

 

Rêver d’un front commun avec Marine Le Pen

Ce n’est pas un détail de l’histoire. Or Jacques Sapir le passe sous silence, et ce n’est pas un hasard. S’il a l’insulte facile et la grossièreté féconde, il préfère éviter le sujet qui fâche, à savoir qu’il a dépassé la question du rapprochement des souverainistes pour rêver d’un font commun avec Marine Le Pen.  

Jacques Sapir a parfaitement le droit de le penser, de le dire, de le proclamer, mais qu’il n’attende pas de Marianne la moindre complaisance sur le sujet. Et, de grâce, qu’il ne cherche pas à nous mettre dans le même sac que les eurolâtres ou autres eurobéats. Nous ne l’avons pas attendu pour dénoncer l’actuelle Europe, ce temple de la bureaucratie, ou pour brandir sans honte le drapeau national oublié par d’autres. Mais si nous n’avons jamais diabolisé le souverainisme, nous ne l’avons pas davantage réduit au nationalisme borné où certains voudraient le cantonner, avec l’appui des idiots utiles appelés en renfort.  Rappelons l’adage cher à Romain Gary : « le patriotisme, c’est l’amour des siens ; le nationalisme, c’est la haine des autres ».  

On cherchera en vain la moindre allusion à cette triste réalité dans la prose de Jacques Sapir, lequel préfère se lancer dans des jeux de rôle qui n’ont rien de drôle. Dans Le mariage de Figaro, de Beaumarchais, Marceline dit à son fils : « Ne regarde pas d’où tu viens, vois où tu vas ». Il n’est même plus besoin de se demander où va Jacques Sapir. 

 

 

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