L’eurodéputé écologiste trouve « indécent » de parader au Salon de l’agriculture alors qu’il voit « les paysans crever à l’autre bout de la France ». Et appelle à aller au « bras-de-fer avec Bruxelles » pour résoudre la crise agricole.
La colère des agriculteurs ne retombe pas, celle de José Bové non plus. Invité de France Inter ce jeudi 18 février, l’eurodéputé écologiste s’insurge contre la faiblesse de la réponse des autorités à la crise agricole. Et pour bien signifier son mécontentement, il a décidé de boycotter cette année le Salon de l’agriculture, qui s’ouvre le 27 février à Paris. « Quand on a une crise telle que celle-ci, vouloir faire la vitrine, faire des beaux discours, des super vaches, des super robots de traite, voir la grande distribution, voir les fast-foods au Salon de l’agriculture… Ce sont ceux-là même qui tuent l’agriculture aujourd’hui dans ce pays et c’est eux qui vont être au cœur de ce salon ! », tempête-t-il.
« Je ne mettrai pas les pieds au Salon, parce que je trouve que ce n’est pas correct d’être là pour regarder ces belles choses et en même temps voir les paysans crever à l’autre bout de la France », insiste José Bové. « C’est indécent. On a plus de 600 suicides en agriculture en France tous les ans, et on va faire une vitrine sur les super robots de traite, sur les nouvelles machines… Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Là, on se fiche des paysans, c’est contraire à la résolution des problèmes. »
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Ce n’est pas la première fois que José Bové pousse une gueulante contre le fameux Salon. On se souvient qu’en 2007, celui qui était alors candidat à l’élection présidentielle avait organisé un « contre-Salon de l’agriculture » dans sa ferme du Larzac. L’an dernier, il n’y était pas allé non plus, justifiant cette fois son absence par ses travaux au Parlement européen.
Mais que préconise José Bové pour prendre à bras-le-corps la crise agricole ? Manuel Valls a annoncé mercredi une baisse générale des charges pour les agriculteurs et une « année blanche sociale » sur les cotisations des plus fragiles. Une rustine, estime José Bové : « Je dirais que c’est une fois de plus une petite avancée, à très très court terme, parce que ça ne règle pas le problème au fond. » L’élu pointe le manque de maîtrise des volumes produits et leur coût. « Est-ce que c’est normal qu’en France, mais comme dans le reste de l’Europe, on puisse vendre en dessous des coûts de production ? », s’insurge-t-il.
« Sur l’agriculture, on se couche devant la Commission »
Le problème, c’est que réglementer les prix agricoles reviendrait à contredire les règles de concurrence édictées par la Commission européenne. « Eh bien, on fait le bras-de-fer avec Bruxelles », rétorque José Bové. « C’est quand même marrant de se dire que sur l’agriculture, on se couche devant la Commission, mais quand c’est Monsieur Cameron qui vient à Bruxelles, on lui déroule le tapis rouge ! Est-ce que les paysans ne valent pas autant que Monsieur Cameron ? Moi je dis oui, donc il faut faire le bras-de-fer sur ces questions-là. » Une référence aux négociations entre le Premier ministre britannique et les institutions européennes pour éviter un « Brexit », qui devraient se conclure ce jeudi lors d’un conseil européen. Mais avec un agenda déjà rempli par ces discussions avec le Royaume-Uni et la crise des migrants, l’agriculture n’est pas en ce moment sur la liste des priorités bruxelloises.
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