L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy se lamente à longueur d’interviews et de discours sur l’absence d’une « sensibilité gaulliste » parmi les candidats à la primaire de la droite. Et se verrait bien l’incarner lui-même… s’il était sûr de ne pas se planter.
Henri Guaino n’est pas (encore) en campagne, mais il compte déjà ses fans. « J’ai mis mon discours de samedi sur ma page Facebook. J’ai plusieurs milliers de personnes atteintes et pas de message d’insultes », savoure-t-il. Ce discours, c’est celui qu’il a prononcé devant le conseil national du parti Les Républicains (LR), réuni à Paris le week-end des 13-14 février. Quinze minutes pendant lesquelles il a dit ce qu’il avait « sur le cœur », comme il l’avait annoncé. Un réquisitoire très applaudi pour tailler en pièces ce qu’est devenue, selon lui, sa « famille politique ». Pas assez gaulliste, pas assez souverainiste, pas assez sociale. Avec quelques piques à la clé contre celui dont il a longtemps écrit les discours, Nicolas Sarkozy. Exemple : « Ma famille politique, c’est celle qui ne refuse pas à des enfants un repas de substitution sans caractère religieux à la cantine. » Un sujet sur lequel il n’hésite pas à contredire ouvertement l’ancien chef de l’Etat. Comme sur la déchéance de nationalité : Henri Guaino avait voté contre trois jours auparavant, contrairement à ce que préconisait le patron de LR. Assis quelques mètres derrière lui, Sarkozy a dû encaisser devant tout le monde.
Alors forcément, pendant que Guaino parlait, une interrogation venait sur les lèvres de certains dans la salle. Et si l’ancien conseiller élyséen devenu député se présentait à la primaire qui désignera en novembre le candidat de la droite à la présidentielle ? Après tout, avant lui, François Fillon, Hervé Mariton, Nadine Morano et Jean-François Copé s’étaient exprimés à la tribune. Trois candidats désormais déclarés à la primaire. Et vu le rythme auquel la liste s’allonge, Les Républicains ne sont plus tellement à ça près… « Il y en a qui le chauffent pour qu’il y aille », confie un député qui le connaît bien. « Mais il est tiraillé parce qu’il ne veut pas affronter Sarko. »
« La primaire, ce n’est pas un truc où l’on va pour faire un tour, voir si on peut faire 5% et être Premier ministre ! »
Un argument balayé par Henri Guaino. « Je n’ai peur de rien », assure-t-il à Marianne. Mais il ne veut pas « ajouter à la confusion générale ». Car pour lui, la primaire, c’est du sérieux, comme dirait son ex-mentor Sarkozy. « Plein de gens ont envie d’aller occuper la scène. Mais ce n’est pas un jeu, un concours de beauté, un truc où l’on va pour faire un tour, voir si on peut faire 5% et être Premier ministre ! » Une référence au parcours de Manuel Valls, qui s’était présenté à la primaire socialiste en 2011.
Et pourtant, on le sent très tenté, lui qui déplore à longueur d’interviews l’absence « d’une sensibilité gaulliste » chez Les Républicains. Il n’y a qu’à l’entendre fustiger ceux qui vont à la primaire « pour exister ». « Je suis un peu atterré par le spectacle », se lamente-t-il. « C’est quoi, ces gens qui ne réfléchissent à rien, qui ne pensent rien ? » Et tant pis s’il n’a pas écrit de livre ou travaillé sur un « projet pour la France« . « En général, les programmes sont dérisoires. Les gens ne sont pas élus là-dessus », balaie-t-il. Lui veut croire qu' »on vote pour une philosophie, une armature morale ».
Tout un programme. Mais a-t-il une chance de trouver un écho dans l’électorat de droite ? « La personnalité est attachante : droit, franc, parfois provocateur. C’est la sincérité à l’état pur et ça plaît aux militants », veut croire Olivier Vial, le président du syndicat étudiant de droite UNI, qui le voit régulièrement. « On sent qu’il est en colère en ce moment et qu’il a envie que ses idées soient portées. »
Une colère qui n’empêche pas Henri Guaino, habitué à planer dans le nuage des idées politiques, de garder tout de même un pied sur terre. Il sait qu’il lui sera compliqué de réunir les parrainages nécessaires pour se présenter à la primaire. « Vingt parlementaires, ça ne va pas être facile », reconnaît-il. Sous-entendu : pour les autres comme pour lui. Difficile d’évaluer sa capacité à engranger des soutiens, lui qui est tout sauf un homme d’appareil. « Il peut les avoir. Il est dans cette fibre Séguin qui plaît », assure un sénateur LR. A l’inverse de ce député juppéiste totalement sceptique : « je n’y crois pas ». Guaino, lui, refuse prudemment de se fixer une échéance. Ce qui lui permet de laisser habilement planer le suspense : « Il n’est jamais trop tard si l’on a quelque chose à dire… »
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