Remerciée sans ménagement lors du dernier remaniement, Fleur Pellerin se confie à « L’Obs » ce mercredi. L’ex-ministre de la Culture n’épargne pas l’absence de vision pour la politique culturelle de François Hollande.
Fleur Pellerin, victime du remaniement pour ne pas avoir assez flatté les artistes ? C’est en tout cas ce que semble penser la principale intéressée, qui se confie ce mercredi dans l’Obs. Pour le comprendre, retour au mois d’août 2014.
Il fait beau, il fait chaud, Michel Sapin essaie de faire rire Emmanuel Macron, et François Hollande boit de l’eau… Les membres du deuxième gouvernement Valls échangent en toute intimité après avoir posé pour la photo officielle sur le perron de l’Elysée. En toute intimité ? Pas vraiment : la caméra d’Yves Jeuland, qui prépare un reportage sur les rouages du « Château », réussit à capter un échange pour le moins étonnant entre François Hollande, Manuel Valls et la néo-ministre de la Culture Fleur Pellerin.
Visiblement inspiré, le président conseille à celle qui remplace Aurélie Filippetti de « voir Jack (Lang) », l’ancien ministre de François Mitterrand ayant « des idées ». « Premier rendez-vous à avoir, c’est Jack », appuie le chef de l’Etat, ce que confirme Manuel Valls : « Vois-le ! Il sera ravi… ». Et François Hollande, détaillant son programme culturel, suggère à Fleur Pellerin de « se taper (…) tous les soirs » des spectacles et de « dire que ‘c’est beau’ et que ‘c’est bien’« . En clair : flatter des artistes qui « veulent être aimés ».
A l’Elysée, un temps de président : les… par closer
« J’avais pris ces mots du président pour une boutade, en fait ils étaient ma feuille de route »Un exercice de charme que la désormais ex-ministre de la Culture n’a pas considéré comme une consigne officielle. « J’avais pris ces mots du président pour une boutade, en fait ils étaient ma feuille de route », ironise aujourd’hui amèrement dans l’Obs une Fleur Pellerin « choquée » par la violence de son éviction du gouvernement lors du dernier remaniement. Une manière pour elle de souligner l’absence de vision culturelle du président de la République. Sa remplaçante, Audrey Azoulay, ancienne conseillère culture auprès du chef de l’Etat, est réputée plus proche de ces milieux… y compris de Julie Gayet.
Fleur Pellerin ne prend pas de gants pour décrire la conception hollandienne de la politique culturelle : « La conception que j’ai du ministère de la Culture est celle d’un lieu central de la transformation sociale. En cela, je me crois fidèle à l’apport de Jack Lang. Mais il existe une autre conception du rôle de ce ministère, davantage tournée vers la préservation des positions acquises, et qui conduit à ne surtout pas faire bouger les lignes. Ce sont deux visions diamétralement opposées. »
Une saillie bien sentie à l’encontre de François Hollande, qui fait écho au soutien que lui a apporté hier Jack Lang. Humiliée par son éviction, Fleur Pellerin, qui « n’exclu(t) rien » pour l’avenir, pourrait, elle aussi, perturber la fin du quinquennat.
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