Quand les amis de Sarkozy voudraient faire croire que sa mise en examen prouve son honnêteté

À en croire les proches de l’ancien chef de l’État, la mise en examen de Nicolas Sarkozy tiendrait presque du soulagement, voire d’une séquence positive pour le probable futur candidat à la présidentielle de 2017. Plus c’est gros, plus ça passe ?

Pour un peu, être mis en examen serait cool.  Et ouvrirait une voie royale pour tout (re)présidentiable en puissance. C’est peu ou prou le message que tentent de faire passer les proches de Nicolas Sarkozy sur les réseaux sociaux depuis la nouvelle mise en examen de leur champion ce mardi 16 février pour le chef de « financement illégal de campagne électorale (la présidentielle de 2012, ndlr), pour avoir en qualité de candidat dépassé le plafond légal de dépenses électorales« . L’ex-chef de l’Etat, entendu toute la journée par le juge financier Serge Tournaire, est en effet mis en cause pour avoir pulvérisé ce montant autorisé de 22,5 millions d’euros.

Gros coup dur pour celui qui ne cache guère sa volonté de se représenter en 2017 ? Non, bien au contraire, tweetent en cœur ses soutiens, à l’aide d’éléments de langage d’ailleurs directement postés en ligne – pourquoi se fouler – par le sénateur de Paris Pierre Charon : 

Soulagement après 12h d’audition❗️@NS2017 #LesRepublicains pic.twitter.com/rdS69GoWmj

— Pierre Charon ن (@pierrecharon) 16 février 2016

Avec un poil moins gros dans la main, Edouard Courtial, député de l’Oise et fidèle sarkozyste, prend la peine de recopier le texte dans son tweet : 

L’honnêteté et la probité de @NicolasSarkozy ne sont donc pas remises en question, ce dont je n’ai jamais douté. 3/5

— Edouard Courtial (@EdouardCourtial) 16 février 2016

Tout va bien donc pour le futur candidat dont la « probité  » et « l’honnêteté » seraient, alors même qu’il est passible d’un procès en correctionnelle, « très justement rétablies ». Du coup, la mer s’ouvre comme par miracle pour l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine, avec vue dégagée sur 2017 ! 

La route de la candidature de @NicolasSarkozy est ouverte ! 1/5

— Edouard Courtial (@EdouardCourtial) 16 février 2016

Aujourd’hui il n’y a aucun obstacle juridique à la candidature de @NicolasSarkozy. #FranceInfo

— Eric Ciotti ن (@ECiotti) 17 février 2016

Dans un grand numéro de contorsionnisme, les proches de Nicolas Sarkozy veulent absolument marteler le fait que leur poulain n’a été mis en examen que pour dépassement de compte de campagne, hors de tout lien avec la fameuse et infamante affaire Bygmalion. Comme si l’un valait bien mieux que l’autre et surtout, comme s’il n’y avait aucun rapport entre les fausses factures de Bygmalion et le fait, justement, de devoir financer par des biais présumés crapuleux une campagne dont le plafond a (illégalement) été explosé

Autre technique de com’ : faire croire que le statut de témoin assisté blanchit celui qui en fait l’objet. Quand bien même on parle, comme dans le cas de l’ancien président de la République, des chefs d’usage de faux, escroquerie et abus de confiance. Mais le témoin assisté est celui « à l’encontre duquel il existe des indices rendant vraisemblable qu’il ait pu participer à la commission des infractions dont le juge est saisi ». Pas des indices suffisants, certes, pour le mettre en examen, mais assez pour s’en garder la possibilité.

Le statut de témoin assisté de @NicolasSarkozy reconnaît son innocence des chefs d’accusations d’escroquerie & d’abus de confiance #vérité

— Valérie Debord (@DebordValerie) 16 février 2016

Faisant fi de tous arguments juridiques, d’autres jugent indispensable de rappeler que Nicolas Sarkozy, forcément, est victime d’une vaste machination juridico-politique. Pour cela, l’ex-chef de l’Etat peut toujours compter sur le fidèle député et président du département des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti. Une théorie du complot validée par le patron de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel :

Je note une forme d’acharnement contre @NicolasSarkozy. Rien ne lui aura été épargné mais ça a tjs débouché sur un non-lieu. #FranceInfo

— Eric Ciotti ن (@ECiotti) 17 février 2016

Sûrement un pur hasard : au moment où #Sarkozy remonte dans les sondages le voilà mis en examen. La précipitation des juges est suspecte…!

— Yves de Kerdrel ن (@ydekerdrel) 16 février 2016

En dernier recours, le secrétaire général adjoint des Républicains Sébastien Huyghe tente tout simplement d’éclabousser la concurrence avec le scandale de son parti, en balançant tranquillement de accusations purement gratuites, et diffamantes :

Les campagnes de @NicolasSarkozy et de @fhollande ont été sensiblement équivalentes si l’un a dépassé le plafond l’autre aussi…

— Sébastien Huyghe ‏ن (@SebastienHuyghe) 16 février 2016

Ce « non-événement » passé, donc, et en attendant les développements futurs de la procédure, les proches de Nicolas Sarkozy peuvent déjà commencer à rédiger de nouveaux éléments de langage pour la prochaine étape judiciaire de leur grand persécuté : le 22 mars, la Cour de cassation doit se prononcer sur l’affaire des écoutes entre Nicolas Sarkozy et son avocat. Si la procédure est validée, un procès pourrait avoir lieu dans les mois à venir. On a hâte de lire en quoi cela prouverait que Nicolas Sarkozy est blanc comme neige…

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