La transition entre l’ancienne garde des Sceaux et son successeur Jean-Jacques Urvoas a été quelque peu mouvementée.
La passation de pouvoir entre Christiane Taubira et Jean-Jacques Urvoas au ministère de la Justice, le 27 janvier, s’est déroulée tout en sourires, embrassades et départ à vélo soigneusement mis en scène. En coulisses, la succession a été bien plus douloureuse. Signe du climat délétère qui s’est installé entre les partants et les entrants, la quasi-totalité des conseillers de Christiane Taubira n’ont laissé que des miettes de leurs documents au nouveau garde des Sceaux, puisqu’ils ont broyé leurs archives et « écrasé les données » de leurs ordinateurs, selon le Canard enchaîné du mercredi 17 février. Un épisode qui rappelle une autre passation de pouvoir orageuse, celle entre Nicolas Sarkozy et François Hollande en mai 2012. Le Canard enchaîné rapportait alors que le courrier envoyé au nouveau président depuis son élection avait été tout simplement passé à la broyeuse…
Il faut dire que Jean-Jacques Urvoas a tenu à imposer son style en arrivant place Vendôme. Selon Le Monde, ce proche de Manuel Valls a d’abord assuré le directeur de cabinet de Christiane Taubira, Alain Christnacht, qu’il le conservait à son poste. Avant de changer d’avis et de le congédier quelques jours plus tard pour le remplacer par Thomas Andrieu, haut fonctionnaire venu du… ministère de l’Intérieur, où il a notamment été dircab adjoint de Manuel Valls.
En fait, Jean-Jacques Urvoas a fait le ménage à tous les postes pour placer ses hommes à lui. La composition de son cabinet, publiée sur le site du gouvernement, montre que le nouveau garde des Sceaux n’a repris aucun des conseillers de l’équipe précédente. Selon un ancien du cabinet de Taubira cité par le Canard, Jean-Jacques Urvoas a proposé à seulement trois collaborateurs de rester, mais ces derniers ont refusé.
Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Le cabinet de Christiane Taubira comptait plusieurs magistrats proches du Syndicat de la magistrature (SM), minoritaire dans la profession mais célèbre malgré lui pour son ancien « mur des cons ». Un syndicat qui entretenait déjà des relations tendues avec Jean-Jacques Urvoas lorsque celui-ci présidait la commission des lois de l’Assemblée nationale. Le 27 janvier, le SM a d’ailleurs commenté sa nomination place Vendôme par un communiqué glacial : « Jean-Jacques Urvoas, ardent promoteur d’une loi renseignement confiant toujours plus de pouvoirs à l’exécutif et membre de la délégation parlementaire au renseignement, semblait taillé pour l’Intérieur. Il vient d’être nommé garde des Sceaux. » On a connu plus accueillant.
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