Ces absurdités administratives auxquelles ont dû faire face les victimes du 13 novembre

Plusieurs victimes des attentats du 13 novembre ont témoigné ce lundi à l’Assemblée, devant une commission d’enquête parlementaire chargée de faire le point sur les moyens mis en place par l’Etat pour lutter contre le terrorisme depuis les attentats de janvier 2015. Tous décrivent une administration « pesante », « procédurière », « déshumanisée »… absurde en somme.

Les moyens mis en place par l’Etat pour lutter contre le terrorisme depuis les attentats de janvier 2015 ? « C’est comme vider la mer à la petite cuillère« , ou « comme changer la couleur de la banquette quand on a un problème de moteur« . A elles seules, les images utilisées par quelques-uns des rescapés du 13 novembre résument cette douleur diffuse que partagent l’ensemble des victimes. Entre incompréhension et colère, plusieurs d’entre elles sont venues témoigner à l’Assemblée, ce lundi 15 février, devant une commission d’enquête parlementaire. Ironie de l’histoire, cette commission n’a pas toujours su « amener » ses questions alors même qu’elle se penche sur les réponses que l’Etat n’a d’ores et déjà pas pu apporter aux proches ou aux survivants des tueries. 

Les représentants de @lifeforparis et de @13onze15 ont répondu avec beaucoup de dignité à des questions difficiles et pas tjs bien amenées

— fraternité et vérité (@13onze15) 15 Février 2016

« Questions difficiles et pas toujours bien amenées »réagit en effet, sur Twitter, l’une des associations de victimes  « 13 novembre, fraternité et vérité », invitée à témoigner. A sa tête, Georges Salines. L’annonce des décès est allée « au-delà de tout ce qu’on peut imaginer comme ratage », explique sobrement ce dernier devant les élus. Lui a appris la mort de sa fille sur les réseaux sociaux. Une « atroce impréparation » qu’a également vécue Sophie Dias. 

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Sans nouvelles de son père, mort au Stade de France, jusqu’au 14 novembre à la mi-journée, la fille et sa mère ont donc passé plus de quinze heures à attendre dans l’angoisse. « Ne vous inquiétez pas si vous n’avez pas de nouvelles, c’est plutôt bon signe… », leur disait l’un des interlocuteurs du numéro d’urgence. « Pour le coup, ça ne l’était pas » , constate-t-elle aujourd’hui. Et de poursuivre : « Comment est-ce possible d’avoir eu un contact du quai d’Orsay que 48h après ? J’ai dû moi-même faire des démarches de mon côté (…) De nos jours, gérer un fichier Excel avec 130 personnes ne me paraît pas insurmontable… »

L’administration « pesante« « procédurière« , « désorganisée« « déshumanisée« , absurde en somme, les rescapés en donneront encore quelques exemples. A l’institut médico-légal notamment, où l’on a tenté de rassurer Sophie Dias en lui assurant qu’à défaut de pouvoir lui montrer le visage de son père, elle pourrait au moins identifier son « pied ». Ou lorsque cette policière a raccroché au nez d’une rescapée du Bataclan, Caroline Langlade, désormais vice-présidente de l’association « Life for Paris », parce qu’elle… « chuchotait » ! Barricadée avec plusieurs autres personnes dans une loge de la salle de concert, la jeune femme tentait évidemment de ne pas attirer l’attention des terroristes, dont l’un essaiera de forcer la porte de la loge en se faisant passer pour un membre des forces de l’ordre. 

« Ça a été constamment à nous de chercher l’information. C’est le cas depuis le début (…) On ne devrait plus se battre pour ça », regrette Caroline Langlade. Quant aux failles des renseignements, le cas d’Abdelhamid Abaaoud, coordinateur présumé des attentats du 13 novembre, permet d’en mesurer l’étendue. « Comment un terroriste interdit de territoire français (recherché qui plus est par certaines des principales polices du monde, ndlr) se retrouve à diriger une attaque de cette ampleur ? », interroge enfin le père d’une survivante.

La commission parlementaire doit continuer ses auditions jusqu’à jeudi. Celles de mercredi seront de nouveau consacrées exclusivement à la parole des victimes et des proches de victimes.

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