A droite, trois méthodes pour exister avant 2017

Se présenter à la primaire, cultiver un ancrage local ou tout simplement se taire : petit guide des stratégies en vogue dans l’opposition pour ne pas être oublié le moment venu.

La liste s’allonge. Avec l’annonce de candidature de Jean-François Copé à la primaire de la droite, dimanche 14 février, ils sont sept à être officiellement sur la ligne de départ. Et bien décidés à jouer un rôle d’ici au scrutin de novembre, qui désignera le champion de la droite pour la présidentielle. Se présenter à la primaire peut être une manière, quand on est dans l’opposition mais pas tellement présidentiable, de se positionner en vue de la grande échéance de 2017. Mais ce n’est pas la seule. Marianne récapitule les différentes tactiques employées à droite pour ne pas se faire oublier.

• Etre candidat à la primaire (et négocier son ralliement plus tard)

Soyons clairs : chez Les Républicains, personne n’envisage que Nadine Morano, Hervé Mariton ou Frédéric Lefebvre soit le prochain président de la République. Et pourtant, ils sont tous les trois candidats officiellement déclarés à la primaire. Tout comme Alain Juppé, François Fillon, Jean-François Copé et Jean-Frédéric Poisson, qui seront rejoints sans aucun doute par Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet et Nicolas Sarkozy. Autrement dit, cette élection pré-présidentielle ne compte pas que des présidentiables. Son organisateur, le député Thierry Solère, le sait très bien, mais ne s’inquiète pas de cette pléthore de postulants. « Je veux rassurer : ce n’est pas parce qu’on dit qu’on sera candidat qu’on le sera vraiment », a-t-il déclaré lundi sur RFI.

En participant à la primaire, « chacun veut flatter son petit ego »

Car pour éviter que le tout-venant pointe le bout de son nez, des conditions ont été fixées. Pour être officiellement candidat, il faut réunir avant le 9 septembre les parrainages d’au moins 20 parlementaires LR, 250 élus répartis sur au moins 30 départements et 2.500 adhérents répartis sur au moins 15 départements. Un parlementaire LR en conclut qu’« il y aura deux phases : avant et après le dépôt de candidature ». Et de prendre un exemple : « Morano est lucide. Elle sait qu’elle n’aura pas les parrainages pour se présenter, mais elle veut négocier quelque chose. » Ce pourrait être le cas de plusieurs autres candidats, bien décidés à profiter de la médiatisation de la primaire pour prendre du poids politique… et le négocier avec l’un des favoris le moment venu. Ce qui rend furibard ce député filloniste : « Chacun veut flatter son petit ego. Quelle image on donne ! »

• Se bâtir un fief (et fustiger ces satanées élites parisiennes)

Il reste tout de même des ténors de droite qui n’ont pas annoncé leur candidature à la primaire. C’est le cas de Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, respectivement élus présidents des régions Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Ile-de-France en décembre. Tous deux ont fait une croix, disent-ils, sur la présidentielle de 2017, mais ils songent surtout à se « présidentialiser » dans leurs fiefs en vue du prochain tour en 2022. « Ils se disent : ‘je suis dans l’opposition, je m’ennuie et je dois avoir mieux qu’un ministère de second rang en 2017′ », avançait un député LR avant les régionales.

Laurent Wauquiez, élu patron d’Auvergne-Rhône-Alpes, ne s’est pas encore décidé pour la primaire, mais pour le reste, sa stratégie est la même : endosser le rôle du provincial proche des gens et se servir de son nouveau poste comme d’un tremplin. Le numéro 2 de LR est même passé champion pour dénoncer la « trahison des élites politiques » et ces « élus parisiens qui vivent sous les plafonds dorés ». Ce qui, soit dit en passant, ne manque pas de sel, venant d’un normalien, énarque et ancien ministre qui a choisi de conserver son mandat de député en plus de sa présidence de région.

• La fermer (et entretenir le mystère)

Parmi les ténors de Les Républicains, il en est tout de même un qui se fait discret. François Baroin, l’enfant chéri de la chiraquie, entretient volontairement le mystère sur son avenir. Pour l’instant, le sénateur-maire de Troyes se concentre sur ses fonctions de président de l’Association des maires de France (AMF). « Je trace ma route », se contentait-il de dire le 25 janvier sur RTL, l’une de ses très rares interventions médiatiques récentes. « Je ferai savoir mes intentions sur cette affaire de présidentielle après le congrès des maires », prévu en juin. En réalité, il fait peu de doute que François Baroin, qui n’apprécie guère Alain Juppé, soutiendra Nicolas Sarkozy. Mais en cultivant la posture discrète du sage au-dessus de la mêlée, il prend bien soin de ne se fâcher avec personne. Preuve qu’à droite, Baroin est l’un des rares à penser que le silence est d’or.

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