La médiatrice européenne regrette que la Commission ait refusé de lever le voile sur ses relations avec les lobbies du tabac.
Jean-Claude Juncker, chain-smoker notoire, aurait-il cédé aux sirènes des lobbies du tabac ? La médiatrice européenne Emily O’Reilly, chargée d’enquêter sur les cas de mauvaise administration des institutions communautaires, avait réclamé le 5 octobre dernier plus de transparence sur les relations qu’entretiennent les fonctionnaires de la Commission avec les lobbyistes du tabac. L’Irlandaise exigeait plus précisément que toutes les rencontres effectuées dans ce cadre soient minutées puis publiées sur Internet. Le refus opposé lundi dernier par Bruxelles démontre à quel point les industriels de la cigarette influencent les décisions communautaires, ce que « regrette profondément » Emily O’Reilly.
Mais pourquoi est-ce que Bruxelles se borne à refuser cette transparence ? La Commission européenne affirme agir conformément aux dispositions de la Convention-cadre de l’OMS de lutte anti-tabac (CCLAT), texte qui exige de la transparence dans les relations qu’entretiennent les organisations internationales avec les lobbies. Mais voilà, seule la direction générale Santé de la Commission a en fait adhéré à cette convention, qui stipule pourtant que « toutes les branches de la gouvernance » sont concernées. Une décision qui navre une Emily O’Reilly désabusée : « La Commission Juncker loupe une réelle occasion de faire preuve de leadership mondial face au lobbying du tabac. Il semblerait que la puissance du lobbying de l’industrie du tabac continue d’être sous-estimée ».
Des lobbies puissants qui « ne cessent de faire retarder l’avancée de la santé publique », dénonce l’organisation altermondialiste Attac France par la voix de son porte-parole, Thomas Coutrot. Le refus de la Commission de communiquer sur ses relations avec les lobbies de la cigarette « n’étonne pas » l’économiste français, qui a déjà constaté dans les négociations sur le TAFTA (Traité de libre-échange transatlantique) que « 90% des rencontres entre les fonctionnaires européens et la société civile s’effectuaient en présence des lobbies industriels et financiers ». La société civile européenne, victime passive du tabagisme de sa Commission ?
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