L'investigation sur Canal+ censurée par Bolloré ?

La reprise en main des contenus de Canal+ par Vincent Bolloré suscite la controverse. Après le douloureux épisode des « Guignols de l’info » à la rentrée 2015, un journaliste de la chaîne cryptée explique aujourd’hui dans « Arrêts sur images » la difficulté que rencontrent les programmes d’investigation pour traiter librement des sujets.

La décapitation des figures historiques de la chaîne, le remodelage des Guignols de l’info, la censure d’un documentaire sur les activités du Crédit Mutuel… Depuis l’arrivée de Vincent Bolloré à la tête du conseil de surveillance du groupe Vivendi – propriétaire du groupe Canal – à l’été 2014, le vent de liberté qui soufflait sur la chaîne cryptée depuis sa création en 1984 s’est quelque peu estompé. Et à en croire Jean-Baptiste Rivoire, rédacteur en chef adjoint de l’émission Spécial Investigation, ces quelques anecdotes ne seraient que la partie visible de l’iceberg.

« Depuis que Bolloré est sorti des fougères et a manifesté son pouvoir dans l’entreprise, ça se passe beaucoup plus mal » Invité de l’émission diffusée dimanche 14 février sur le site d’Arrêts sur images, le journaliste et délégué syndical SNJ CGT a témoigné de la mainmise qu’aurait la direction actuelle du groupe Canal sur l’investigation. Les dirigeants de la chaîne cryptée refuseraient ainsi la plupart des sujets d’investigation proposés par les journalistes : « On doit aller voir la direction avec nos petits projets et demander la permission de faire nos enquêtes. En gros, sous l’ancienne direction, ça passait à 80 ou 90% des cas. Depuis que Bolloré est sorti des fougères et a manifesté son pouvoir dans l’entreprise, ça se passe beaucoup plus mal ». Jean-Baptiste Rivoire assure ainsi que la direction a refusé 7 sujets sur les 11 proposés lors du dernier « comité d’investigation ».

Le groupe Canal assure qu’il n’ y a « pas d’intervention » Pourquoi une telle censure ? Le refus opposé à l’été 2015 par Bolloré de diffuser un documentaire à charge sur le Crédit Mutuel pouvait déjà mettre la puce à l’oreille : le Crédit Mutuel est en effet l’un des principaux partenaires financiers du groupe Vivendi, numéro deux mondial du divertissement. Une censure pour préserver ses intérêts financiers ? De son côté, le groupe Canal assure auprès de Marianne qu’il n’ y a « pas d’intervention » et que la sélection des sujets d’investigation « n’a pas changé depuis la nouvelle direction« . Jean-Baptiste Rivoire explique pour sa part que parmi les derniers sujets d’investigation refusés, trois étaient consacrés aux marques Volkswagen, YouTube ou encore Nutella… toutes trois appartenant à des groupes figurant parmi les plus gros annonceurs publicitaires de France. L’information Canal+, crucifiée sur l’autel de la rentabilité de la multinationale ?

 

 

 

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