"Maintenant, nous n'accueillons plus de réfugiés" : le "message" de Valls aux migrants

Valls ne veut plus entendre parler du mécanisme permanent de répartition des réfugiés voulu par Merkel. Il l’a fait savoir lors d’une visite en Allemagne ce week-end. Un discours de « fermeté », selon lui. Un discours également alarmiste où Valls n’a pas hésité à faire craindre pour « les fondements de l’Europe ».

L’accord au sein de l’Union européenne prévoit l’accueil de 160.000 réfugiés, dont 30.000 sur le sol français. « Dans le cadre de ces 30.000, nous sommes toujours prêts à accueillir des réfugiés. Mais pas plus« , a soutenu Manuel Valls devant la presse allemande, samedi 13 février, reconnaissant que ces chiffres pouvaient sembler « dérisoires » si on les comparait à ceux de l’Allemagne, qui a accueilli plus d’un million de migrants en 2015, selon les données fournies par le gouvernement allemand. « Quels pays vont accueillir plus de migrants ? La Suède, le Danemark, la Finlande, qui ont déjà beaucoup accueilli ? Le Royaume-Uni ? Je ne vous fais pas un dessin… L’Italie, qui peut à tout moment être confrontée à une nouvelle vague venue de Libye ? », s’est interrogé Valls comme pour souligner une forme d’overdose.

Depuis plusieurs semaines, Angela Merkel cherche en effet à réunir « une coalition de volontaires » pour accueillir les réfugiés, en échange d’une lutte accrue de la Turquie contre la migration illégale. Mais Manuel Valls ne veut pas en entendre parler : « Je ne pense pas qu’il y ait aujourd’hui de majorité en Europe pour imposer un mécanisme permanent de relocalisation. Les solutions sont au Levant, en Turquie en Jordanie, en Méditerranée. Mais il faut un message très clair qui dise «maintenant, nous n’accueillons plus de réfugiés» » En septembre, pourtant, après la diffusion bouleversante de la photo d’Aylan, ce petit garçon retrouvé noyé sur une plage, François Hollande s’était montré favorable à un mécanisme permanent concernant les réfugiés. Cependant, le temps de l’émotion a laissé place, dans la bouche du Premier ministre, à celui du repli. « Sinon, nous serons amenés à rétablir les frontières intérieures », a-t-il prévenu, ce qu’il n’exclut pas.

« Dire ‘venez tous’ peut finir par détruire les fondements de l’Europe » 

La visite et le ton de Manuel Manuel Valls n’ont rien d’anodin, à quelques jours du sommet européen de Bruxelles, les 18 et 19 février, qui doit notamment aborder cette question de l’accueil des réfugiés. Vendredi 12 février, il s’en prenait carrément à la politique d’ouverture décidée par Angela Merkel : « Cette politique qui était temporairement justifiée n’est pas tenable dans la durée (…) Nos capacités d’accueil limitées, les tensions de ces dernières semaines – en Allemagne mais aussi ailleurs en Europe – nous obligent à dire les choses clairement: l’Europe ne peut pas accueillir tous les migrants en provenance de Syrie, d’Irak ou d’Afrique. » Une constante chez lui : en mai 2015, il affichait déjà son opposition aux quotas migratoires dans l’Union Européenne, jurant que « la France a déjà fait beaucoup : ainsi 5.000 réfugiés syriens et 4.500 irakiens ont déjà été accueillis en France depuis 2012. » Et pour justifier sa position, il répétait qu’il fallait « tenir compte des efforts déjà consentis par chacun ».

On ne peut comprendre le point de vue de Manuel Valls sans souligner qu’il est d’abord attaché à ne pas froisser l’opinion publique française, réticente sur l’accueil de nouveaux migrants. D’autant plus que le sujet se mélange à d’autres évènements : des violences de Calais aux agressions sexuelles de Cologne, l’Europe se montre fébrile sur le sujet, dans un contexte de crise sociale accrue. « Dire «venez tous» peut finir par détruire les fondements de l’Europe »,  a ajouté Valls samedi, dans un discours résolument alarmiste. Dans un sondage Ifop d’octobre 2015, 46 % des Français rejetaient l’idée selon laquelle « c’est le devoir de notre pays que d’accueillir des migrants qui fuient la guerre et la misère » et 63 % considéraient que « notre pays compte déjà beaucoup d’étrangers ou de personnes d’origine étrangère et accueillir des immigrés supplémentaires n’est pas possible. » Ce que Valls a très bien noté.

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