Devant un millier d’élus et cadres de son parti réunis à Paris samedi, l’ancien chef de l’Etat a voulu imposer ses directives et son calendrier, à neuf mois de la primaire qui désignera le candidat à la présidentielle. Ses rivaux sont, eux, unis dans leur désaccord.
La primaire, c’est en novembre. La droite a donc neuf mois pour accoucher d’un candidat à la présidentielle. Mais la grossesse s’annonce douloureuse. Car en coulisses, les couteaux sont plus affûtés que jamais. L’ambiance du conseil national de Les Républicains, qui réunissait environ 1.000 élus et cadres locaux ce week-end à Paris, s’en ressentait à la fin de la première journée, samedi. Derrière une unité de façade soigneusement entretenue, les piques se multiplient et les manoeuvres aussi. Avec d’un côté un Nicolas Sarkozy cherchant à imposer ses directives et son calendrier. Et de l’autre, ses rivaux pour la primaire – Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire et consorts – bien décidés à ne pas se laisser faire.
Premier sujet d’affrontement : la fameuse « ligne » du parti. Le patron de LR compte bien imposer une base programmatique portant sur tous les sujets. « Nicolas Sarkozy va proposer un texte qui sera débattu dans les fédérations. Un document récapitulatif sera publié au début de l’été », explique à Marianne Eric Woerth, en charge du projet. Le problème, c’est que chacun a déjà son programme, comme le montre l’actuelle profusion de livres publiés par les candidats déclarés ou non à la primaire. Sur la scène de la porte de Versailles, samedi, chacun déroule ses idées, de François Fillon à Nathalie Kosciusko-Morizet, en passant par Hervé Mariton, Nadine Morano et Jean-François Copé. « Une ligne politique, c’est le résultat d’un projet pour la France. Ça ne peut pas être le fruit d’une synthèse hollandienne », tacle même François Fillon. Comparer implicitement Nicolas Sarkozy à François Hollande, sous les yeux de l’ancien chef de l’Etat, il fallait oser… Alain Juppé et Bruno Le Maire, eux, ne daignent pas prendre la parole, se contentant de poignées de main et de selfies avec les militants.
Sarkozy ne lâche pas l’affaire : il veut que les candidats aux législatives de 2017 soient désignés avant l’été
Autre offensive sarkozyste : le calendrier des investitures des candidats aux élections législatives de 2017. Le patron de LR a déjà lancé le débat au sein du parti depuis plusieurs mois. Samedi, il l’a dit haut et fort : il veut que les futurs candidats estampillés LR soient désignés avant l’été. « Je me battrai pour qu’on le fasse au printemps », a-t-il martelé à la tribune. « Nous, on se battra contre, et on n’est pas les seuls », lui rétorque Gilles Boyer, le directeur de campagne d’Alain Juppé. Dans les camps Fillon et Le Maire aussi, on plaide pour que ce soit le vainqueur de la primaire qui valide les investitures, afin que le candidat de 2017 puisse avoir une majorité à sa main. NKM, elle, hésite : « j’y vois des avantages et des inconvénients ».
Au-delà de ces échanges de piques, la réunion du conseil national a permis à certains élus de faire remonter leurs doléances au micro. Sans qu’aucun clash ne vienne pimenter le meeting – à droite, on est (trop) bien élevés. Mais Nicolas Sarkozy ne s’est pas privé de souligner ce petit côté démocratie participative : « Je suis heureux que tout le monde puisse donner son point de vue. » Un député sudiste se montre, lui, beaucoup moins enthousiaste : « C’est chiant comme la pluie… »
Reste une petite satisfaction pour Sarkozy : c’est son candidat officieux pour la présidence du conseil national, l’ancien ministre Luc Chatel, qui a été élu à la tête de ce « parlement » du parti – qui ne sert en réalité pas à grand chose, comme le reconnaissent volontiers plusieurs cadres. Michèle Alliot-Marie avait tenté de renaître de ses cendres en lui disputant le poste. Chatel l’a emporté avec 55% des suffrages. Ce qui n’empêche pas un député de persifler : « Ça montre que Sarko ne tient pas le parti. Chatel aurait dû faire au moins deux tiers des voix. » La bonne ambiance, on vous dit.
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments