La présidente de l'Observatoire de la laïcité du Val d'Oise menacée de mort

Laurence Marchand-Taillade, présidente de l’Observatoire de la laïcité dans le Val d’Oise et membre du PRG, lutte depuis six ans pour défendre la laïcité. Un combat contre les fondamentalistes religieux qui depuis lundi soir a pris une dimension inquiétante. La militante a en effet reçu par mail une menace de mort. Une attaque de plus contre la laïcité.

« Le décret est tombé. Vous êtes condamnée à la peine capitale. C’est désormais une question d’heure (sic)« . C’est le message, révélé par L’Express, qu’a reçu Laurence Marchand-Taillade sur sa boite mail il y a quelques jours. Elle est depuis sous protection policière et l’enquête est menée conjointement par la brigade de recherche de la gendarmerie de Pontoise et les services de renseignements. A ce jour, on sait simplement que le mail a été envoyé via l’adresse de contact d’un site islamiste, Hizb-ut-Tahrir, sans savoir qui en est l’émetteur réel. Laurence Marchand-Taillade nous explique par ailleurs avoir porté plainte.

Pourquoi elle ? Il y a deux semaines, Laurence Marchand-Taillade a publié une tribune dans Le Figaro dans laquelle elle dénonçait l’invitation de trois prédicateurs islamistes au Congrès annuel de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) à Lille – ainsi qu’un appel à manifester lancé sur Facebook. « Ils présentaient un danger pour la République, explique-t-elle auprès de Marianne, puisqu’ils avaient déjà, par le passé, tenu des propos antisémites, pro-djihadistes et sexistes« . Selon la présidente de l’Observatoire de la laïcité du Val d’Oise, les menaces ne sont cependant pas une réponse directe à sa tribune. Plutôt la conséquence de son intervention sur la chaîne d’information israélienne i24, le 2 février, où elle critiquait avec virulence l’UOIF, et par extension les Frères musulmans. Une telle défense de la laïcité serait-elle devenue impossible au risque de se faire traiter d’islamophobe ?

C’est exactement ce qu’avait souligné Elisabeth Badinter sur France Inter début janvier en affirmant : « il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe » lorsque l’on défend la laïcité. C’est « clairement » devenu délicat de parler de ce sujet, confirme Laurence Marchand-Taillade. Des difficultés qu’elle impute aux politiques, gauche et droite confondues, qui, par « clientélisme » et manœuvres électorales, auraient dilué la notion de laïcité. Y compris à l’échelle locale où les candidats n’hésitent pas à « séduire les communautés religieuses et pas que les musulmans« . Quand pour les « Français la laïcité est devenue un sujet important (…), les élus ne veulent qu’on en parle. Ils rejettent le sujet et quand nous en parlons, ils disent que c’est de l’islamophobie« .

Autre preuve selon elle de ce blocage anti-laïcs, son éviction d’un autre salon de l’UOIF la semaine dernière à Paris. « Je me suis rendu le samedi (6 février, ndlr) au congrès de l’UOIF, porte Maillot. Au début les organisateurs m’ont dit que je pouvais rentrer. Mais après seulement 10 mètres, des journalistes sont venus pour m’interviewer sur la raison de ma présence. Dès que j’ai commencé à parler de Tariq Ramadan et des Frères Musulmans, on m’a mise dehors« . Un sujet visiblement sensible au sein de l’UOIF qui, « dès qu’on parle du double discours de Tariq Ramadan, n’assume pas« , estime cette laïque convaincue.

Malgré les menaces – les premières qu’elle ait reçues – celle qui est aussi secrétaire générale du Parti Radical de Gauche (PRG) n’entend pas se faire discrète le temps de l’enquête. « Au contraire« , s’exclame t-elle, plus je serai devant les caméras, moins on pourra m’atteindre« . Elle entend donc bien continuer sa défense de ce « pilier de la République« , tout en regrettant que son action soit devenue au fil des années « un acte de résistance« .

 

L’Observatoire de la laïcité dans le Val d’Oise (OLVO) est une association de loi de 1901 créée en 2010.  Le but de cette structure est simple : « veiller au strict respect des principes de la laïcité, et si nécessaire de mener toute action pour les défendre, les Restaurer, les promouvoir« . L’association a par exemple épinglé le député-maire de Sarcelles, accusé de « clientélisme » religieux dans un but électoral. Ou encore la présence de prédicateurs intégristes au Salon de la femme musulmane à Pontoise.

Malgré un nom quasi-similaire, l’OLVO n’est pas une antenne de l’Observatoire national de la laïcité, présidé par Jean-Louis Bianco, et rattaché à Matignon. En effet, ce dernier est créé par Jacques Chirac en 2007 mais devient vraiment effectif en 2013 sous la mandature de François Hollande. Les deux « Observatoires » défendent d’ailleurs deux visions différentes de la laïcité, en témoigne la tribune de Laurence Marchand-Taillade et Mohamed Sifaoui dans Marianne appelant à la démission de Jean-Louis Bianco.

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