Hollande : grand dessein, petits calculs

« Je ne fais pas de calculs », a-t-il osé répété à trois reprises lors de son intervention télévisée post-remaniement. François Hollande vient pourtant de signer une séquence minutieusement calculée.

Rue de Valois, François Hollande a nommé une spécialiste du 7e art, Audrey Azoulay, sa conseillère culture à l’Elysée depuis septembre 2014, huit ans dans l’équipe de direction du Centre national du cinéma. Il aurait pu choisir une experte en surréalisme tant le chef de l’Etat semble amateur de Magritte. Il l’a encore prouvé ce jeudi soir lors de son intervention télévisée post-remaniement sur les antennes de TF1 et France 2 avec son « Je ne fais pas de calculs », répété à trois reprises, à propos de l’entrée d’écologistes au gouvernement (Cosse, Placé et Pompili), de sa lutte contre le chômage et d’une éventuelle candidature pour la présidentielle 2017. Ceci ne serait donc pas une entourloupe ! 

Ce remaniement qui intervient au lendemain d’une interminable et désastreuse séquence « déchéance » a au contraire été soigneusement millimétré. Il s’agit de faire exploser les Verts, où du moins ce qu’il en restait, en débauchant Emmanuelle Cosse, successeur de Cécile Duflot à la tête de EELV, et de bloquer ainsi une éventuelle candidature de la députée de Paris à la présidentielle.

Le chef de l’Etat a installé son pack de campagne autour de la table du conseil des ministres

Occultée la logique qui aurait voulu que Stéphane Le Foll, essoré, quitte l’Agriculture et que Jean-Yves Le Drian, maintenu à la Defense, se concentre sur son conseil régional de Bretagne. L’ancien premier sécrétaire du PS a préféré s’en tenir aux manoeuvres d’appareil. Dans 16 mois, c’est la présidentielle et méthodiquement, le chef de l’Etat a installé son pack de campagne autour de la table ovale du conseil des ministres. Le président du PRG Jean-Michel Baylet, candidat à la primaire 2011, est à présent vissé jusqu’en mai 2017 à son maroquin de ministre de l’Aménagement du territoire. Surtout en charge du sud-ouest, bastion de gauche, où il règne tout-puissant, grâce à son groupe de presse la Dépêche.  

Et revoilà donc Jean-Marc Ayrault. Banni d’hier, solution de repli aujourd’hui. A Matignon, l’ancien maire de Nantes a déçu, c’est un euphémisme, mais au Quai d’Orsay, il rassure son ami et rééquilibre l’environnement désormais très vallsiste du président. Quant aux nouveaux secrétaires d’Etat, le patron des sénateurs écolos, Jean-Vincent Placé et son homologue à l’Assemblée, Barbara Pompili, ils sont là pour faire nombre, donner l’impression que l’herbe est plus verte au gouvernement. Ils devront sans nul doute s’en tenir au rôle «d’écolos authentiques » qui leur a été assigné.

Enfin, grâce à ce remaniement, François Hollande donne un nouvel os à ronger aux médias et à ses détracteurs. Vous avez aimé l’interminable débat sur le mariage pour tous au début du quinquennat ou celui, plus récent, consacré à la révision constitutionnelle ? Vous allez adorer le référendum sur l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, annoncé également lors de son intervention télévisée ! Oubliez donc les billets de train pour Calais, tous en route pour la Loire-Atlantique ! Près de quatre ans après son accession au pouvoir, François Hollande demeure incontestablement le maître…du chaos.  

 

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