C’est le retour d’Ayrault au gouvernement, cette fois-ci dans les habits de ministre des Affaires étrangères. Faire revenir un Premier ministre à un autre poste au cours du même mandat : une première. Mais au fait, qu’a-t-il fait durant ces deux dernières années loin du gouvernement ?
On dit qu’un ancien Premier ministre n’accepte de revenir au gouvernement que pour un poste : le ministère des Affaires étrangères. Mais jamais un ex-chef de gouvernement n’avait accepté de réintégrer l’équipe exécutive au cours du même mandat présidentiel*. C’est désormais chose faite avec Jean-Marc Ayrault qui va remplacer Laurent Fabius au quai d’Orsay, lui-même appelé à présider le Conseil constitutionnel. Près de deux ans après son départ, le voici nommé par celui qui l’avait remplacé à Matignon.
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Qu’a donc fait Jean-Marc Ayrault durant ces deux années d’absence ? Quelques coups de gueule, au milieu d’une globale discrétion. On pouvait déjà le voir dans un documentaire réalisé par sa propre fille et diffusé en avril 2015 : la tranquilité lui allait bien… mais point trop n’en faut.
On l’a compris dans ce tweet, l’inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution visant les binationaux n’était pas *du tout* du goût de l’ancien Premier ministre :
Si la France est « en péril de paix », alors ne la divisons pas davantage! #égalitédetouslesFrançaisdevantlaloi #decheancedenationalite
— Jean-Marc Ayrault (@jeanmarcayrault) 27 Décembre 2015
Est-ce la perspective de sa nomination qui l’a fait s’adoucir ? Toujours est-il que ces derniers jours, Ayrault a voté en faveur de l’article 2 de la révision constitutionnelle inscrivant la déchéance de nationalité dans la loi fondamentale.
En novembre 2015, Ayrault tente de faire passer par la petite porte le grand choc fiscal qu’il appelait de ses voeux en tant que chef du gouvernement. Au final, un amendement censé rendre la CSG progressive pour les ménages modestes, adopté à l’Assemblée malgré la frilosité du gouvernement mais grâce à une majorité favorable… et un retoquage en règle par le Conseil constitutionnel un mois plus tard. Mesure contraire à la Constitution, tranchent les Sages.
C’est un combat que Jean-Marc Ayrault n’a jamais cessé de porter : l’installation d’un aéroport sur le très contesté site de Notre-Dame-des Landes :
La décision du TA confirme une nouvelle fois la validité de ce projet d’intérêt général. L’Etat de droit doit désormais être respecté #NDDL
— Jean-Marc Ayrault (@jeanmarcayrault) 17 Juillet 2015
Un sujet de discussion qui promet d’être particulièrement intéressant avec sa nouvelle collègue de gouvernement… Emmanuelle Cosse. La patronne d’EELV rejoint également l’équipe pour s’occuper du ministère du Logement, comme une certaine Cécile Duflot en son temps. L’opposition à Notre-Dame-des-Landes est l’un de ses chevaux de bataille. Il se murmure cependant qu’un compromis a dû être trouvé pour rendre son arrivée au gouvernement possible. François Hollande pourrait ainsi annoncer un référendum régional sur le sujet ce soir sur France 2 et TF1.
En coulisses, Jean-Marc Ayrault s’est activé pour que sa région, Les Pays de la Loire, ne soit pas rattachée à la région Poitou-Charentes mais à la Bretagne. On le voit d’ailleurs dans le documentaire de sa fille, Elise Ayrault, piquer une colère après un coup de fil négatif passé à François Hollande. Au final, les Pays de la Loire échapperont au Poitou… et resteront en solo.
*Michel Debré est bien redevenu ministre (de l’Economie puis des Affaires étrangères) sous le même Président, Charles de Gaulle, mais lors de son second mandat.
En revenant au gouvernement, Jean-Marc Ayrault doit de nouveau laisser son siège de député, comme il l’avait fait entre 2012 et 2014. Mais entretemps son suppléant et ami, Jean-Pierre Fougerat, est décédé il y a de cela un an. Une législative partielle devrait alors se profiler pour remplacer Ayrault sur les bancs de l’Assemblée. Une élection incertaine, en plein dossier Notre-Dame-des-Landes.
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