Sur le point de quitter le Quai d’Orsay pour prendre la tête, si tout se passe comme prévu, du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius a expliqué ce jeudi matin pourquoi il lui semblait tout à fait faisable de cumuler cette fonction avec celle de président de la COP21. Où l’on comprend en substance que cette fonction ne va pas lui faire risquer le burn-out…
Fabius deux en un. Proposé mercredi à la présidence du Conseil constitutionnel par le président de la République, le ministre des Affaires étrangères compte néanmoins, si sa nomination est confirmée, conserver jusqu’au bout sa fonction de président de la COP21, dont le mandat s’achèvera en novembre.
Invité sur RTL ce matin, le ministre sur le départ s’en est expliqué devant Olivier Mazerolles, qui lui faisait remarquer que tout de même, présider la COP 21, « c’est du boulot » :
« Il n’y aura aucun problème, ce qui demande beaucoup, beaucoup de travail, c’est le travail de ministre des Affaires étrangères, mais pas le travail de président de la COP21 (…) Par rapport au Conseil constitutionnel, c’est une fonction qui n’est pas rémunérée, qui est provisoire, donc ça ne pose aucun problème.«
Manifestement, donc, Laurent Fabius se fait une idée assez « tranquille » de ce qu’il lui reste à faire pour finir le job. Une déclaration un tantinet contradictoire avec la communication du Quai d’Orsay jusqu’ici, faisant état des déplacements nombreux du ministre et de l’ampleur de sa tâche. Et si, dans les équipes travaillant sur la COP, nombreux étaient à saluer son travail, beaucoup s’inquiétaient de son état de fatigue.
Mais qu’importe le cumul, pourvu qu’on ait le Nobel. Car si Laurent Fabius tient tant à conserver sa fonction de président de la COP21, se murmure-t-il dans son entourage selon L’Obs, c’est parce que celle-ci pourrait lui valoir le Graal en 2016. Une consécration qui ne serait pas indue, si l’on en croit Laurent Fabius faisant son propre bilan en toute fausse modestie sur RTL :
« L’accord sur la COP21 c’est, excusez du peu, le fait que s’il est respecté, ça veut dire que la planète restera vivable dans les siècles qui viennent, c’est mineur je vous le reconnais mais enfin, c’est quand même assez important… »
En attendant son éventuel couronnement, Laurent Fabius affûte en tout cas déjà son statut de vieux Sage, qui lui servira autant au Conseil constitutionnel que s’il est nobélisé. Exemple, quand le journaliste l’interroge sur un éventuel conflit d’intérêt qui pourrait survenir au Conseil constitutionnel si celui-ci est amené à examiner la QPC concernant son ancien collègue Jérôme Cahuzac :
« J’ai une règle, et ça vaut pour ce cas comme pour d’autres : si jamais il y a un conflit d’intérêt, on peut se déporter. Mais maintenant j’ai de très bons motifs pour ne pas répondre aux questions qu’on va me poser : vous ne m’avez pas entendu parler de déchéance de nationalité ? Eh bien, vous ne m’entendrez pas ce matin (…), parce que ça peut venir un jour à la connaissance du Conseil… »
Au passage, le probable futur Sage nous aura gratifié de cette citation en forme de testament politique : « C’est dur la politique (…), il faut garder cette tendresse intérieure, et Guevara disait : ‘Il faut se durcir sans se répartir de sa tendresse’« . Si ce n’est pas du niveau d’un Nobel, ça…
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