Agriculteurs: s'endetter plus en travaillant plus

La crise dure depuis des années. Malgré une situation au-delà de l’intenable, les agriculteurs n’arrivent pas à se faire entendre, ni des gouvernements successifs, ni même de leurs syndicats aussi puissants qu’impuissants. « Marianne » publie cette semaine un reportage dans le Finistère aux côtés de ses agriculteurs en colère ainsi que plusieurs portraits. En voici un.

>> « Marianne » s’est rendu dans le Finistère, rencontrer quelques jeunes agriculteurs finistériens, encore prêts à « se lever le matin en sachant [qu’ils vont] travailler sans rien gagner ». Voici le portrait de Julien Hendri, 32 ans, éleveur de vaches laitières à Plouzané.

 

« SANS NOUS, TOUTE UNE FILIÈRE S’ÉCROULE »

«Mon fils a 2 ans, les tracteurs, il adore. Mais aujourd’hui je me demande si je veux lui transmettre le métier, comme mon père se demande si je ne me suis pas lancé dans une galère.» Pourtant, la ferme est dans la famille depuis trois générations. Mais si la femme de Julien, salariée au Crédit agricole, ne travaillait pas, il se demande comment il ferait pour vivre, croulant sous les crédits et vendant sa marchandise à perte. «Aujourd’hui, le prix du litre est à 29 centimes, pour un coût de production de 33. A chaque fois que je livre, je perds de l’argent. Ça nous fait du 295 € la tonne, alors qu’il y a deux ans on a poussé jusqu’à des 370 !» Comme la plupart des producteurs, il attribue les difficultés du secteur à la concurrence allemande.

Dans ces conditions, difficile de rembourser ses investissements, 650 000 € lors de son installation, un nouveau bâtiment, un tracteur : «Quand on nous reproche d’avoir de gros engins, les gens ne se rendent pas compte, on est seuls sur nos exploitations, on y passe parfois dix heures par jour. On ne peut pas être concurrentiels sur un marché pareil, le gouvernement doit faire pression sur la grande distribution pour qu’elle achète au moins au prix de production, continue-t-il. On veut pas gagner autant d’argent que Michel-Edouard [Leclerc], mais au moins vivre décemment.»

En attendant, 20 % des exploitations familiales sont à 100 % d’endettement, et nombreux sont ceux qui cette année vont prendre des crédits pour rembourser les crédits déjà existants : «Les syndicats n’arrivent pas à faire bouger les choses, la montée à Paris en septembre, c’est parti d’ici, c’est nous qui l’avons décidée. On a été accueillis comme des dieux, mais on n’a rien ramené… Il faut que les gens se rendent compte que, sans nous, toute une filière s’écroule : banquiers, vétérinaires, inséminateurs, échographistes, réparateurs d’engins, industriels du lait. Et les paysages seraient en friche

 


 

 

>>> Retrouvez l’intégralité de ce reportage et tous les portraits d’agriculteurs dans le numéro de Marianne en kiosques.

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