En pleine tournée européenne pour obtenir de ses partenaires des concessions en vue du référendum sur le Brexit, David Cameron était aujourd’hui en Pologne. Une visite charnière pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, mais surtout un sacré pied de nez à l’histoire.
Le plombier polonais… cette image du travailleur étranger venant spolier les aides sociales nationales n’a eu de cesse d’être invoquée par les eurosceptiques, Britanniques en tête. C’est pourtant bien à Varsovie que David Cameron est venu rassurer sur une concession essentielle de son plan anti-Brexit actée mardi dernier à Bruxelles : l’allègement des prestations sociales dont les ressortissants communautaires pourront bénéficier au Royaume-Uni. Autrement dit : non, le plombier polonais ne sera pas (trop) plombé sur la terre de Cromwell.
Cameron doit convaincre son peuple de rester dans l’Union européenne, à l’aune du référendum du 23 juin. Et pour ce faire, il demande à ses partenaires européens des concessions sur l’application des traités, essentiellement sur le versement d’aides sociales aux ressortissants communautaires qui viennent travailler sur le sol britannique.
Cameron doit convaincre son peuple de rester dans l’Union européenne, à l’aune du référendum du 23 juin
L’étape polonaise devait s’avérer fructueuse, le Premier ministre s’étant fixé pour principale mission de rassurer ses hôtes. Le ministre des Affaires étrangères Witold Waszczykowski s’était déjà réjoui ce mardi que la limitation des aides sociales aux travailleurs détachés « ne s’appliquera pas aux Polonais vivant déjà au Royaume-Uni ». Avec ses plus d’un million d’expatriés sur le sol insulaire, la Pologne avait incontestablement fort à perdre de cet opt-out (« dérogation ») à la Charte des droits fondamentaux de l’Union.
« Nous avons obtenu pas mal de choses » s’est félicité le président du parti conservateur au pouvoir Jaroslaw Kaczynski au sortir de sa rencontre avec David Cameron. « Les bénéfices sociaux accordés actuellement aux Polonais vivant et travaillant en Grande-Bretagne seront maintenus, y compris pour les allocations controversées pour les enfants restés en Pologne » a-t-il poursuivi. Il était en effet prévu dans l’accord bruxellois que les enfants vivant en Pologne d’un parent polonais travaillant à Londres percevraient moins d’aides que ceux vivant dans un pays plus riche. Cameron s’est donc résolu à lâcher du lest pour ne pas rentrer bredouille de sa visite polonaise.
Digne héritier des tories pourfendeurs de l’Europe sociale et solidaire Margaret Thatcher et John Major, l’actuel locataire du 10 Downing Street poursuit ainsi son tour d’Europe avant le décisif sommet européen des 17 et 18 février. Une rencontre où il présentera l’ensemble des concessions obtenues de ses partenaires, avant de soutenir éventuellement le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne, soumis à référendum le 23 juin. Si les Polonais semblent avoir pour l’instant colmaté la fuite en avant des Britanniques, le « non » pourrait être la goutte d’eau qui fera déborder le cabinet Cameron.
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