La nouvelle est tombée mercredi : à partir de septembre, la réforme de l’orthographe adoptée en 1990 par le Conseil supérieur de la langue française sera appliquée dans les écoles de la République. Au grand dam de la twittosphère !
Une réforme qui ne passe pas mais alors, pas du tout. Sur Twitter sont apparus ce jeudi 4 février les hashtags #JeSuisCirconflexe et #RéformeOrthographe, en réaction à un article paru la veille sur le site mytf1news. On y apprend que l’écriture de certains mots va changer à la prochaine rentrée, avec notamment une disparition de l’accent circonflexe et du trait d’union. Qu’ils soient vieux ou jeunes, littéraires ou pas, les internautes ont réagi en nombre. Mais aussi des municipalités, des syndicats, des personnalités politique et même des clubs de foot ! Contribuant à en faire le sujet phare des discussions de la journée sur les réseaux sociaux.
Sauf que le débat n’a absolument pas lieu d’être : il est « old« , comment disent les twittos ! La réforme, une initiative de Michel Rocard, a en réalité été adoptée en 1990… Mais elle était déjà l’objet de réticences et, malgré sa publication au Journal Officiel, elle était depuis restée lettre morte. En 2008, une publication au Bulletin Officiel de l’Education nationale – dont Xavier Darcos était le ministre, sous la présidence de Nicolas Sarkozy – mentionnait que « l’orthographe révisée est la référence« . Là encore, cette préconisation est pourtant restée sans suites. Si c’est aujourd’hui le branle-bas (ou branlebas, les deux sont désormais acceptés) de combat autour de cette réforme datant d’il y a un quart de siècle, c’est simplement parce que tous les éditeurs de manuels scolaires ont décidé d’enfin la mettre en oeuvre pour la rentrée 2016.
Du côté des politiques, la mise en application de cette nouvelle orthographe a surtout fait réagir à droite. « Avec la #RéformeOrthographe c’est une nouvelle fois le nivellement par le bas qui prime sur l’exigence, qui fait naître l’excellence« , a regretté le député LR des Alpes-maritimes, Éric Ciotti. Tandis que Florian Philippot, vice-président du FN, s’indignait dans un tweet tout en circonflexes : « Face à l’infâme et bête réforme, devant laquelle quelques démagogues se pâment, parce que le français est notre âme, #Jesuiscirconflexe« . Enfin, le syndicat étudiant UNI a enfoncé le clou dans un communiqué – qui n’était pas lui-même exempt de belles fautes de français – en lançant une pétition contre « la réforme de l’orthographe de Najat Vallaud-Belkacem », ministre de l’Éducation Nationale qui, selon eux, « d’un trait de plume (…) se croit autoriser à bouleverser les règles de l’orthographe et de la langue française« . Pas de chance, celle-là, on ne peut pas la reprocher au gouvernement actuel !
Avec la #RéformeOrthographe c’est une nouvelle fois le nivellement par le bas qui prime sur l’exigence, qui fait naître l’excellence.
— Eric Ciotti ن (@ECiotti) 4 Février 2016
Face à l’infâme et bête réforme, devant laquelle quelques démagogues se pâment, parce que le français est notre âme, #Jesuiscirconflexe
— Florîan Philippôt (@f_philippot) 4 Février 2016
Mais qu’est-ce qui fait bondir autant dans cette réforme ? Le fait qu’elle préconise une simplification de l’orthographe pour un meilleur apprentissage. Elle tient d’ailleurs en cinq points : le trait d’union, le pluriel des mots composés, l’accent circonflexe, le participe passé des verbes pronominaux et ce que les académiciens appellent les « anomalies » (mots empruntés aux langues étrangères, entre autres). Dans les faits : la soudure (coller deux mots) plutôt que le trait d’union, la simplification du pluriel des mots empruntés et des mots composés, et la disparition sélective du fameux accent circonflexe – qui cristallise les tensions. Et ce, seulement sur les lettres « i » et « u », sauf si le temps verbal l’exige et dans quelques mots comme « mûr » pour faire la distinction avec son homophone « mur« .
Que les inquiets se rassurent néanmoins, l' »ancienne » orthographe vaut toujours et n’est absolument pas supplantée par la « révisée ». Seuls les manuels scolaires sont concernés et contiendront les mots dans leur nouvelle écriture. Simplement, les élèves ne seront pluss sanctionnés s’ils écrivent « nénufar » au lieu de « nénuphar », les deux étant acceptés. Et si vous pensez être incollable en orthographe, venez vous tester sur notre quizz !
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments