Pourquoi la victoire de Cruz sur Trump n'est pas forcément une bonne nouvelle

Il est l’homme qui a battu Trump. Mais en remportant lundi le caucus de l’Iowa chez les républicains, Ted Cruz a fait primer une ligne encore plus conservatrice que celle défendue par le magnat excentrique.

Ouf ! Comme presque un seul homme, médias et observateurs de la vie politique américaine n’ont guère caché leur soulagement, ce mardi 2 février, en constatant que Donald Trump avait été battu au « kick-off » de la primaire républicaine dans l’Iowa. Nombreux sont en effet ceux qui s’inquiètent, depuis plusieurs mois, de la montée inexorable de ce personage outrancier, populiste et instable. Alors que les sondages lui prédisaient un triomphe, le New-Yorkais a finalement été surclassé par Ted Cruz. Mais celui-ci est-il vraiment, pour paraphraser Daniel Cohn-Bendit, « moins pire » que le milliardaire fantasque ? Pas si sûr…

Enfant de l’immigration, Ted Cruz veut construire un mur face au Mexique

Qu’on ne s’y trompe pas : à 45 ans, le sénateur du Texas n’a pas convaincu les électeurs républicains en se montrant plus « soft » que Donal Trump, bien au contraire. En ce début de campagne, il a présenté un projet en tous points cohérent avec les positions qu’il défend depuis 36 mois au Sénat : anti-mariage gay, anti-Obamacare, fervent climatosceptique et tout aussi fervent défenseur du port d’arme… Des positions marquées à la droite du parti républicain. Enfant de l’immigration, Ted Cruz n’en rivalise pas moins avec Donald Trump de fermeté sur le sujet. Si lui n’a pas été jusqu’à traiter les Mexicains entrés aux Etats-Unis de « violeurs » ni jusqu’à suggérer de fermer les frontières aux musulmans, il propose comme le milliardaire de construire un mur tout le long de la frontière avec le Mexique !

Et le Texan apparaît même plus tranché que son aîné sur la question familiale : anti-IGV, il ne retient pas ses coups contre le planning familial, qui selon lui « vend des parties de corps d’êtres humains ». A côté, Trump fait figure de frais communiant : s’affirmant « pro-choix » au début des années 2000, il n’a rejoint le camp des « pro-vie » qu’en 2012. Une inconsistance qui a été relevée au sein même du parti. Lors du premier débat télévisé, sa concurrente Carly Fiorina avait ainsi relevé : « Puisqu’il a changé d’avis sur les amnisties [de migrants clandestins], sur la santé et sur l’avortement, je voudrais seulement savoir sur quels principes il va gouverner… »

Ted Cruz possède tous les atouts pour incarner le « rêve américain » Guère moins radical que Trump, donc, Ted Cruz présente en revanche un profil bien plus présentable. Né au Canada d’un père cubain et d’une mère américaine d’origines irlandaise et italienne, il possède tous les atouts pour incarner le « rêve américain ». Diplômé de la prestigieuse université de Princeton et de Harvard, il a derrière lui une brillante carrière de magistrat puis d’avocat. Un parcours digne d’un futur président démocrate. Mais l’héritage paternel, celui d’un ex-révolutionnaire castriste devenu opposant au régime communiste, a poussé le jeune Ted à soutenir George W. Bush lors de sa première campagne présidentielle, en 2000. Avant de remporter à la surprise générale, en 2012, le siège de sénateur du Texas, ravi aux caciques républicains lors d’une primaire puis à l’ancien représentant démocrate. Déjà, le Texan se fait l’apôtre d’un corpus idéologique des plus radicaux, mais qu’il parvient à transmettre au-delà de l’électorat ultra-conservateur grâce à un don d’orateur incontesté.

Loin du folklore bouffon qui entoure la candidature Trump, le brillant juriste texan semble donc taillé pour le job. Ce qui n’a pas échappé au milliardaire, qui a manifesté une certaine fébrilité dans les dernières semaines précédant le caucus de l’Iowa. Finissant par remettre en cause sa candidature du fait de ses origines : « Un énorme point d’interrogation pèse sur votre candidature, vous ne pouvez pas faire ça au parti ». Mais Ted Cruz n’est pas du genre à se démonter facilement. Lors du fameux « shutdown » qui avait paralysé l’administration du pays à l’automne 2013, il était parvenu à monopoliser la parole pendant plus de 20 heures consécutives.

Si de nombreuses personnalités démocrates, à l’instar de George Clooney, n’hésitent pas à traiter Donald Trump de « fou« , Ted Cruz a déjà été classé « parmi les oiseaux cinglés de la droite « . Mais là, ce n’est pas un démocrate qui parle : c’est John McCain, candidat républicain à la présidentielle de 2008.

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