Cette gauche qui souhaite la candidature Taubira pour 2017

Depuis son départ du gouvernement, certains à gauche verraient bien Christiane Taubira en nouvelle tête de proue de la gauche anti-Hollande. Ils ne s’en cachent plus au risque d’être déçus.

C’est la petite musique qui monte, qui monte, au risque de la fausse note. Depuis son départ très orchestré du gouvernement, le nom de Christiane Taubira est sur beaucoup de lèvres à gauche. Et pour cause, certains la verraient bien comme nouvelle tête de proue pour 2017. 

Dernier en date, André Chassaigne, patron des parlementaires communistes à l’Assemblée nationale qui, sur France Info ce matin, a affiché ouvertement son admiration pour la récente démissionnaire. « Il n’y a pas de candidat auto-proclamé, ni de programme figé » pour la présidentielle de 2017 a-t-il estimé. Et de soutenir : « Il faut une personne suffisamment charismatique pour devenir Président, qui rassemble. » Voilà qui est dit. Et à la question de savoir si Christiane Taubira pourrait être cette personnalité, il s’est fendu d’un surprenant « pourquoi pas ». « C’est vrai qu’elle à un charisme extraordinaire, elle porte des valeurs extrêmement fortes ». Selon le député, « elle a cette approche collective, avec une idée sur l’avenir et de grandes idées personnelles. » Lorsqu’un journaliste veut lui faire dire clairement qu’il pense à Taubira pour représenter toute la gauche de la gauche en 2017, le parlementaire met cependant le hola : « Je n’ai pas proposé Christiane Taubira, je ne veux pas me retrouver au goulag ! » (sic). Reste une étrange sortie du responsable communiste. Faut-il y voir une sorte de fatalisme sur la capacité du Front de gauche à renverser la table ou un pied de nez à l’adresse de Jean-Luc Mélenchon ? Un peu des deux sûrement. Ce n’est un mystère pour personne, Chassaigne ne porte pas franchement l’ancien candidat de 2012 dans son coeur. 

Du côté de la gauche du Parti socialiste, l’idée fait elle aussi son chemin. A l’annonce du départ de Christiane Taubira du gouvernement, Pascal Cherki, député socialiste de Paris, a ainsi écrit dans un message posté sur Twitter : « Mon profond respect à Christiane Taubira. Nous avons besoin de son implication forte pour le redressement politique et moral de la gauche. » Un appel à peine voilé à l’ancienne garde des Sceaux en vue de 2017.

Mon profond respect à @ChTaubira. Nous avons besoin de son implication forte pour le redressement politique et moral de la gauche.

— Pascal Cherki (@pascalcherki) 27 Janvier 2016

Aurélie Filippetti, devenue frondeuse après son départ du gouvernement, pense elle aussi que Taubira « peut rassembler largement ». « Elle a retrouvé sa liberté et, évidemment, elle a de grandes choses à faire dès demain avec nous et sans nous. C’est à elle d’en décider, bien sûr », expliquait-elle sur le plateau de Canal +.

Les écologistes ne sont pas en reste non plus. Yannick Jadot, député européen qui milite pour l’organisation d’une primaire à gauche s’est empressé de tweeter à l’annonce de la démission : « Christiane Taubira démissionne. Ouf ! Une candidate pour notre primaire ? » Quant à Cécile Duflot, que certains poussent à aller au charbon présidentiel – elle même dit s’y préparer – a déclaré sur BFMTV que l’ex-ministre de la Justice n’était « certainement pas une concurrente. Je mesure l’aura de Christiane Taubira, je ne peux pas me comparer à elle. C’est plus un modèle« . Un bel hommage qui pourrait être perçu comme un possible désistement en cas de candidature Taubira. 

Autant de soutiens qui pourraient à coup sûr faire tourner la tête de plus d’un. Taubira peut-elle être ce nouvel espoir de cette autre gauche ? « On est plutôt dans l’ordre du symbolique. C’est une icône, c’est certain. Mais à part son magnifique combat pour le mariage pour tous, qu’est-ce qu’il y a ? », s’interroge un socialiste de la motion B. Et de faire remarquer que Taubira, au-delà des belles images qu’elle sait mettre en scène – comme en 2014 à la Rochelle, où elle s’était affichée avec les frondeurs sans pour autant exprimer d’adhésion à leur cause – « est sur une ligne politique et économique assez floue. On ne sait pas vraiment ce qu’elle pense ». Elle qui a frayé son chemin aux côtés de Bernard Tapie pendant de longues années et a voté en 1993 la confiance au gouvernement Balladur, n’a pas franchement le profil type. 

« L’engouement pour Christiane Taubira me paraît être surtout un symptôme de l’absence d’un débouché politique concret pour le moment« , tranche ce même socialiste. Du coup on se raccroche à ce que l’on peut. Valorisant l’image plutôt que le fond. 

L’ancienne candidate à la présidentielle de 2002 assure pour sa part officiellement qu’elle n’est pas intéressée par la mission. Si son plan com’ de départ a été minutieusement préparé, au point de préparer un livre contre la déchéance de nationalité quelques jours avant de claquer la porte du gouvernement, elle a également expliqué dans des confidences à Michel Denisot sur Canal +, diffusées le soir de sa démission, être « absolument sûre » de ne pas participer à une primaire. Et a depuis son départ, a rappelé à plusieurs reprises sa « loyauté » à François Hollande. Au risque de faire de nombreux déçus…

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