Claude Bartolone va proposer Corinne Luquiens, secrétaire générale de la présidence de l’Assemblée nationale, pour siéger parmi les Sages de la rue de Montpensier. Inconnue ? Pas tout à fait…
Chargé de nommer un membre du Conseil constitutionnel, Claude Bartolone a choisi une parfaite inconnue. Ou presque… Les téléspectateurs habitués des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale – les « QAG », pour les connaisseurs – reconnaîtront sans doute le visage de Corinne Luquiens, toujours assise derrière le président de l’Hémicycle lors de ces séances souvent mouvementées. Selon une information de L’Obs confirmée par l’AFP, c’est cette fonctionnaire de 62 ans que Claude Bartolone va proposer mardi pour le Conseil constitutionnel, dont trois membres – parmi lesquels le président – seront renouvelés à la mi-février.
Si elle reste en retrait du titulaire du Perchoir pendant les séances, Corinne Luquiens est loin d’être une simple spectatrice du pouvoir. Entrée au Palais Bourbon en 1975, à l’âge de 22 ans, elle en a gravi tous les échelons avant de devenir la secrétaire générale de la présidence de l’Assemblée nationale. Un poste clé dans les rouages de l’institution, puisqu’elle est notamment chargée de gérer tout incident qui surviendrait dans l’Hémicycle et de conseiller le président sur les procédures à suivre dans la conduite des débats. En coulisses, elle prépare aussi le déroulé des séances, en lien avec le gouvernement et les groupes politiques. Des tâches très sérieuses, qui n’empêchent pas Corinne Luquiens de plaisanter, même en pleine séance télévisée. Comme ici, en février 2015, où elle apparaît hilare derrière Claude Bartolone :
C’est également Corinne Luquiens qui a dû organiser à toute vitesse la tenue du Congrès convoqué à Versailles trois jours après les attentats du 13 novembre dernier, comme l’avait rappelé L’Opinion. Le quotidien rapportait au passage le surnom que lui donnent les fonctionnaires de l’Assemblée : « Cocolulu »…
En quarante années de carrière à l’Assemblée, Corinne Luquiens a été amenée à travailler avec des politiques de tous bords. Elle présente donc en apparence un profil neutre, en phase avec la « professionnalisation » du Conseil constitutionnel vers une instance composée de juristes et de techniciens, et non de personnalités politiquement engagées. Un enjeu crucial, car si les décisions de l’institution sont officiellement juridiques, leurs conséquences sont très politiques. On songe à la censure de la taxe à 75% de François Hollande au début du quinquennat, à celle de la loi Florange il y a deux ans, ou encore à l’invalidation des comptes de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2013.
François Hollande ne semble pas prendre le même chemin que Claude Bartolone, puisqu’il s’apprêterait à nommer un poids lourd politique à la présidence du Conseil constitutionnel en la personne de Laurent Fabius, qui quitterait donc le Quai d’Orsay. Même si aucune confirmation officielle en ce sens n’a été donnée pour l’instant. Le président du Sénat, Gérard Larcher (Les Républicains), doit quant à lui nommer le dernier des trois petits nouveaux qui, dès le mois de mars, s’installeront pour neuf ans dans leurs fauteuils de Sages.
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