La ministre du Travail Myriam El Khomri est entrée dimanche dans un petit jeu que pratique le gouvernement depuis plus d’un an au sujet des allocations chômage : braquer les projecteurs sur le retour à la dégressivité, tout en prenant garde de ne pas la prôner ouvertement…
Cela n’a pas fonctionné une première fois… mais pourquoi pas y revenir quand même ? C’est ce qu’a dit en substance la ministre du Travail dimanche au sujet de la dégressivité des allocations chômage. Interrogée sur BMTV, Myriam El Khomri a en effet reconnu que l’option n’était pas écartée par le gouvernement. Et ce, tout en rappelant que les études montrent que « la dégressivité mise en œuvre entre 1992 et 2001″ n’avait pas « joué un rôle sur les personnes les plus en difficulté ».
Si le sujet est de nouveau sur la table, c’est parce que les partenaires sociaux doivent entamer à la mi-février leurs tractations pour une nouvelle convention de l’assurance chômage, l’actuelle expirant le 1er juillet. Or, outre son rôle « d’amortisseur social » et de favorisation du « retour à l’emploi« , la ministre du Travail a rappelé que le nouvel accord devrait améliorer la « trajectoire financière » du dispositif, qui devrait accuser fin 2016 une dette de 29,4 milliards d’euros. Elle préconise donc de « regarder les chose de façon non passionnée« ...
Consciente que la dégressivité n’est pas une idée très populaire à gauche, Myriam El Khomri s’est bien sûr gardée de la prôner ouvertement. Renvoyant les partenaires sociaux à leurs responsabilités, en insistant simplement sur le fait qu’ils devront « travailler sur une diminution de la dette ». Ce n’est que s’ils ne parviennent pas à se mettre d’accord, a-t-elle précisé, que « le gouvernement prendra ses responsabilités« , en vue de prendre « un décret« . A ce moment-là, « toutes les pistes » seront étudiées.
Cette petite musique sur le sujet commence à devenir familière dans la bouche des représentants du gouvernement. En octobre 2014, lors d’un déplacement à Londres, Manuel Valls avait déclaré devant des journalistes britanniques que la question « doit être reposée ». Avant que François Hollande ne calme le jeu. Il y a un an, en février 2015, le Premier ministre avait assuré que la dégressivité n’était « pas aujourd’hui (son) sujet »… mais constituait un « défi » pour les partenaires sociaux : « Il faudra bien trouver des solutions (…), je les invite à prendre pleinement leurs responsabilités« .
Le 18 janvier dernier, en présentant son plan pour l’emploi, François Hollande n’a pas abordé le sujet de front. Mais il a souligné qu’en France, « la durée d’indemnisation est la plus longue d’Europe » tandis que la « durée de formation des chômeurs » est « la plus courte« . Suivez son regard…
Aujourd’hui, Myriam El Khomri assure donc, comme Manuel Valls l’an dernier, que ce n’est pas à elle d’orienter la réflexion vers la dégressivité, tout en martelant : « Les partenaires soicaux doivent regarder toutes les possibilités ». La dégressivité n’est pas « un tabou« , a abondé le ministre des Finances Michel Sapin, lundi matin sur iTélé. Si les partenaires sociaux ne sont pas sourds, on voit mal comment ils n’auraient pas reçu le message.
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